Psychologie Sociale - S3
Created by Tidiane .B

But du groupe vs Buts individuels
"Distinction But du groupe vs Buts individuels"
Principe fondamental
L'objectif du groupe ≠ buts individuels des membres
Les membres peuvent avoir des motivations personnelles différentes tout en convergant vers un but commun.
Illustration 1 : Groupe de musique
Buts individuels (différents)
- Membre A : veut devenir riche
- Membre B : veut être célèbre
- Membre C : veut exprimer sa créativité
But du groupe
- Produire un album de qualité
Résultat
Tous convergent vers le but commun MALGRÉ des motivations personnelles différentes. → C'est ce qui permet la coopération.
Illustration 2 : Entreprise
Buts individuels (différents)
- Directeur : changer positivement le monde
- Employés : conditions de travail décentes, salaire décent
But du groupe
- Faire fonctionner l'entreprise
- Produire des biens/services
Résultat
Tous s'accordent à travailler ensemble, au moins pour un temps.
Principe clé
Cette distinction est ce qui explique pourquoi des personnes aux motivations très différentes peuvent former un groupe fonctionnel.
Le groupe existe tant que les buts individuels peuvent être satisfaits (au moins partiellement) par la poursuite du but collectif.
Expérience de la Caverne aux voleurs
"Expérience de la Caverne aux voleurs"
Contexte (Sherif, 1954)
Lieu : Robbers Cave State Park (Oklahoma), années 1950Durée : 3 semaines de colonieParticipants : Garçons de 11-12 ans
Phase 1 : Formation (1 semaine)
Protocole
- 2 groupes constitués au hasard
- Sans connaissance de l'autre groupe
- Chaque groupe choisit un nom pour drapeau et chemises
Noms choisis
- Eagles (aigles)
- Rattlers (crotales)
Résultat
- Sentiment d'appartenance
- Cohésion interne
- Identification au groupe
Phase 2 : Compétition
Protocole
- Découverte de l'autre groupe
- Tournoi sportif avec scores cumulés
- Récompense pour le groupe gagnant
Résultats
- Rattlers gagnent et plantent leur drapeau
- Insultes entre groupes
- Refus de manger ensemble
- Hostilité croissante
Principe : La simple compétition pour ressources limitées crée de l'hostilité inter-groupe, même entre inconnus.
L'hostilité externe renforce la cohésion interne.
Phase 3 : Coopération
Protocole
- Situation de coopération : réparer l'approvisionnement en eau
- Buts supra-ordonnés créant une interdépendance tangible
- Problèmes nécessitant la collaboration des deux groupes
Résultats
- Réduction des tensions
- Accord sur un film à regarder ensemble
- Repas ensemble à nouveau
- Amitiés entre membres des deux groupes
Conclusions de Sherif
Sentiment d'appartenance et cohésion sont étroitement liés.
Principes dégagés
- Objectifs communs → rassemblent (cohésion)
- Objectifs divergents → opposent (conflit)
- Buts supra-ordonnés → peuvent réduire les tensions intergroupes
Applications pratiques
- Conflit entre services d'une entreprise ? → Créer un projet commun
- Tensions dans une équipe ? → Définir un défi externe
- Diversité difficile ? → Identifier des buts supra-ordonnés
Principe : On ne réduit pas les tensions en niant les différences, mais en créant une interdépendance positive autour d'objectifs partagés.
Groupes Primaires vs Secondaires (Cooley, 1909)
Groupes primaires
Caractéristiques
- Faible taille et relations directes
- Contacts réguliers, personnels et intimes
- Forte cohésion
- Membre irremplaçable
- Registre de l'affect
Fonction
Apporte soutien et équilibre à l'individu
Exemples
- La bande
- Le groupe d'amis
- Les voisins
- La famille
Groupes secondaires
Caractéristiques
- Forte taille et relations distanciées
- Contacts moins fréquents, rapports impersonnels et formels
- Faible cohésion
- Implique une hiérarchie à respecter
- Membres interchangeables
- Registre de la tâche
Fonction
Remplir un but, une tâche
Exemples
- L'hôpital de la ville
- L'école, l'université
- L'entreprise
- Une organisation
- Une association
- Un mouvement politique
Distinction clé
Deux axes principaux
1. Intimité vs Formalité des relations
2. Affect vs Tâche comme moteur
Nuance importante
On peut se sentir isolé dans une grande organisation (groupe secondaire) malgré de nombreux contacts.
Explication : Les contacts sont nombreux mais impersonnels. Pas de liens affectifs profonds.
Superposition possible
Dans des groupes secondaires (ex: entreprise) peuvent se superposer des groupes primaires (collègues partageant des affinités).
Exemple :
- Entreprise = groupe secondaire formel
- Collègues qui déjeunent ensemble tous les jours = groupe primaire informel
Questions fondamentales et Saillance
Qu'est-ce qu'un groupe ?
Trois questions initiales
- Une présence commune suffit-elle ?
- Faut-il une communication ?
- Faut-il un sentiment d'appartenance ?
Constat : Un regroupement de personnes ne constitue pas forcément un groupe s'il n'y a pas de sentiment d'appartenance.
Cependant, même dans un agrégat physique, la simple proximité (co-présence) implique des processus psychosociaux.
Distinction : Présence vs Interaction
AVEC Co-Présence
+ Interaction :
- Groupe d'étudiants à l'université
- Équipe de travail
Sans Interaction :
- Passer un examen
- File d'attente
SANS Co-Présence (Absence physique)
+ Interaction :
- Échange sur Internet
- Groupe WhatsApp
- Forum Discord
Sans Interaction :
- (pas de configuration sociale)
Le concept de saillance
Définition : Une caractéristique est saillante quand elle est perçue comme vraiment importante par les membres.
Distinction clé
❌ PAS un groupe : Tous les gens nés un mardi → Critère non saillant (pas important pour les gens)
✅ Groupe potentiel : Tous les étudiants de psycho L2 → Si l'identité "étudiant psy" est saillante pour vous
Principe : La saillance détermine si une catégorie devient un groupe psychologique.
Recherche d'affiliation
Question centrale
Pourquoi cherchons-nous à nous affilier à un groupe ?
Trois explications
1. La cohésion
Conséquence d'attractions interpersonnelles
2. La recherche d'une identité
(voir Partie 2 du cours - Identité Sociale)
3. Combler certains besoins
Dans des situations insatisfaisantes ou menaçantes :
- Chercher l'appui des autres
- Se sentir moins impuissant
- Plus en sécurité
- Plus fort
- Éviter l'isolement
Expérience de Stanley Schachter (1959)
Protocole
Participants : Étudiants
Manipulation :
Variable Indépendante (VI) :
- Modalité 1 : chocs "très douloureux" → forte anxiété
- Modalité 2 : chocs "peu douloureux voire indolores" → faible anxiété
Mesure : On annonce une "petite attente" aux participants
Variable Dépendante (VD) :
- Souhaitez-vous attendre seul ou en groupe ?
Résultats
Modalité 1 (Forte Anxiété) : 63% veulent attendre en groupe
Modalité 2 (Faible Anxiété) : 36% veulent attendre en groupe
Conclusion
L'anxiété augmente le besoin d'affiliation.
Plus on est anxieux, plus on cherche la présence des autres.
L'affect dans les groupes
Principe de base
Les membres du groupe sont poussés à faire des compromis et à négocier pour prendre des décisions.
Les événements (plaisants et déplaisants) font que le groupe traverse des tensions positives et négatives.
Deux types de communication (Bales)
Bales étudie la communication dans les groupes et définit deux types :
1. Aire socio-opératoire
Liée au fonctionnement du groupe
- La tâche
- L'objectif
- Le travail à accomplir
- L'organisation pratique
2. Aire socio-affective
Liée aux relations entre membres
- Affinités interpersonnelles
- Émotions
- Affects
- Relations humaines
Importance de l'équilibre
Un groupe efficace doit gérer les deux aires :
- Trop centré sur la tâche → tensions relationnelles
- Trop centré sur l'affect → objectifs non atteints
Application pratique
Travaux de groupe à l'université :
- Hauts et bas émotionnels
- Négociations et discussions
- Disputes sur la manière de faire
- Satisfaction finale du travail accompli
→ Oscillation constante entre aire socio-opératoire et socio-affective
Groupes Formels vs Informels (Mayo)
Groupes formels
Contexte : Études de Mayo à la Western Electric Company
Caractéristiques
- Structure explicite qui établit la distribution des rôles
- Existence de buts et moyens clairement formalisés, parfois réglementés
- Les relations sont définies par la position (organigramme)
- Le pouvoir est une composante essentielle
- Les individus y sont interchangeables
Activité du groupe
Une part de l'activité constitue ce remplacement :
- Formation
- Évaluation
- Recrutement
- Promotion
Exemples
- Entreprise avec organigramme
- Administration publique
- Armée
- Hôpital
Groupes informels
Contexte : Découverts par Mayo lors de ses études
Caractéristiques
- Structure implicite, souple et non contraignante
- Établie sur la base de variables psychologiques individuelles et rapports d'influences
- L'adhésion au groupe est volontaire
- Structure affinitaire et relations affectives entre les membres
Exemples
- Une bande d'amis
- Collègues qui déjeunent ensemble
- Groupe de discussion informel
- Réseau d'entraide
⚠️ Important : Superposition
Dans des groupes formels (ex: entreprise) peuvent se superposer des groupes informels (collègues partageant des affinités).
Implications pratiques
Dans une organisation
Groupe formel :
- Décisions officielles
- Hiérarchie visible
- Règles écrites
Groupe informel (superposé) :
- Influence réelle du pouvoir
- Information circule différemment (circuits informels)
- Leaders "non officiels" très influents
Pourquoi c'est important ?
Explique pourquoi
- Certaines décisions "officielles" ne sont pas appliquées
- L'information circule vraiment par d'autres canaux
- Des personnes sans statut formel ont une forte influence
Principe : Pour comprendre un groupe, il faut voir :
- La structure formelle (officielle)
- La structure informelle (réelle)
Facteurs de cohésion
Facteurs qui augmentent la cohésion
1. L'homogénéité (Adams, 1953)
Attraction par des membres de statut équivalent
2. La menace externe (Stein, 1976)
- Clarifie les objectifs
- Rapproche les membres
- Crée un sentiment de "nou on intergroupe (Sherif, 1945)
Augmente la cohésion intragroupe
⚠️ MAIS la compétition intragroupe la diminue
4. Partage d'attitudes semblables
Valeurs et activités communes
5. But commun partagé
Objectif qui rassemble tous les membres
6. Taille du groupe
Plus petit = plus cohésif
7. Communication
Possibilités d'échange (réseaux de communication)
8. Réussite du groupe
Les victoires renforcent la cohésion
Principe clé
La cohésion varie selon les circonstances.
Un groupe peut être :
- Très cohésif en période de crise
- Moins cohésif en période calme
La cohésion n'est pas stable, elle évolue avec le contexte.
Critères d'existence d'un groupe
Les 5 critères nécessaires
Pour qu'un groupe existe véritablement, il doit présenter :
1. Contour défini
Distinction claire entre membres et non-membres
2. Perception extérieure
Être perçu comme une entité par les autres (de l'extérieur)
3. Organisation sociale
Structure reconnaissable, hiérarchie visible
4. Interdépendance
Dans l'atteinte d'un objectif commun
5. Rôles définis
Distribution des fonctions entre membres
Principe clé
Si l'un de ces critères manque → on a un agrégat, pas un véritable groupe.
Question moderne
Quid de la non-présence avec interactions ?
- Groupes WhatsApp
- Communautés Discord
- Équipes en télétravail
- Forums en ligne
Réponse
Ces configurations peuvent être des groupes si les 5 critères sont remplis, notamment :
- Interdépendance (travaillent ensemble vers un but)
- Sentiment d'appartenance (se perçoivent comme membres)
La co-présence physique n'est pas obligatoire pour constituer un groupe psychologique.
Taille d'un groupe
Minimum
Selon Tajfel : Un groupe existe à partir de 3 personnes
Pourquoi pas 2 ?
- 2 personnes = dyade, relation interpersonnelle
- 3 personnes = possibilité de dynamique de groupe (alliances, coalitions, majorité/minorité)
Maximum
La taille maximum ne fait pas l'unanimité en psychologie sociale.
Consensus général : Entre 10 et 20 personnes selon les chercheurs
Explication de la limite supérieure
Cette limite s'explique par les contraintes d'interaction directe :
Au-delà de 20 personnes, il devient difficile de maintenir des relations interpersonnelles significatives avec chaque membre.
Implications
Groupe trop petit (2 personnes)
- Pas de dynamique de groupe
- Relation duelle, pas de phénomènes collectifs
Groupe optimal (3-20 personnes)
- Interactions possibles entre tous les membres
- Dynamiques de groupe visibles
- Cohésion possible
Groupe trop grand (>20 personnes)
- Impossible de connaître tout le monde
- Formation de sous-groupes
- Perte d'interactions directes
- Devient un agrégat ou une organisation
Note importante
Ces chiffres sont des indications générales.
La taille optimale dépend aussi :
- Du type de groupe
- De l'objectif
- Du contexte
- De la technologie disponible (groupes virtuels)
Groupe d'Appartenance vs Groupe de Référence
Observation fondamentale (Hyman, 1942)
Quand on demande aux gens de se définir par des groupes, ils se définissent par des groupes auxquels ils n'appartiennent pas.
Ces groupes servent de cadre de référence.
Groupe de référence
Définition
Groupe réel ou imaginaire auquel se réfère l'individu.
- Il n'en fait pas partie
- Mais sert de modèle
- Il voudrait lui appartenir
Exemples
- Joueur de foot professionnel
- Corps de métier envisagé
- Groupe social "supérieur"
Socialisation anticipatrice (Merton, 1957)
Définition : La personne assimile les normes, codes et valeurs d'un groupe de référence en vue de l'intégrer ultérieurement.
Exemple concret : Un étudiant en médecine adopte déjà certains comportements "de médecin" avant même d'exercer → socialisation par anticipation.
Rôle protecteur
Le groupe de référence protège face à l'influence sociale.
Si ton groupe de référence a certaines valeurs, tu résistes à l'influence d'autres groupes.
Groupe d'appartenance
Définition
Le groupe auquel on appartient réellement, objectivement.
Exemples :
- Ta classe actuelle
- Ton équipe de travail
- Ta fa mille
Conséquence importante
Si groupe d'appartenance ≠ groupe de référence
→ L'individu est dans une stratégie de mobilité sociale
Explication :
- Tu appartiens au groupe A
- Mais tu veux appartenir au groupe B (référence)
- Tu vas adopter les comportements de B pour éventuellement y entrer
Fonctions du groupe de référence (Kelley, 1952)
1. Fonction normative
La personne s'approprie les normes du groupe modèle :
- Attitudes
- Valeurs
- Comportements
2. Fonction évaluative (comparative)
L'individu s'évalue par comparaison avec les membres jugés favorablement :
- Point de comparaison délimitant le normal et l'anormal
- Permet de s'évaluer soi et autrui
- Permet d'ajuster son comportement
→ Voir Zone 1.6 sur la Comparaison Sociale (Festinger, 1954)
Définition et effets de la cohésion
ZONE 1.2 - SOUS-CARTE A
"Définition et effets de la cohésion"
Définition de Festinger (1952)
"La cohésion de groupe est la somme de tout es les forces agissant sur les membres du groupe afin de les y maintenir."
Deux dimensions de la cohésion
- L'attraction du groupe pour l'individu → Le groupe attire la personne
- La satisfaction d'en être membre → La personne est contente d'y appartenir
Ces deux dimensions se rejoignent dans l'attraction interpersonnelle.
Effets de la cohésion
Effets positifs
1. Réduit le Turn-Over (rotation du personnel)
- Coûte cher de former nouveaux employés
- La compétence s'en va avec les employés expérimentés
2. Augmente le moral et la satisfaction des membres
3. Augmente le rendement et la productivité face aux objectifs
- Études en milieu industriel et militaire
4. Accentue la conformité aux normes du groupe
Effets variables
⚠️ Attention : Cet effet peut aussi s'inverser !
- Mutineries
- Grèves
- Résistance collective
La cohésion amplifie les dynamiques du groupe (positives ou négatives).
Définition formelle (Festinger, 1950)
"La cohésion renvoie à l'ensemble des forces qui agissent sur les membres d'un groupe pour qu'ils restent dans le groupe et résistent aux forces de désintégration."
Principe : Chaque groupe a une structure spécifique dépendant des réseaux d'attraction et de répulsion interpersonnelles.
Définitions et Interdépendance
Définition synthétique du groupe
Un groupe se caractérise par trois éléments fondamentaux :
- Interdépendance des membres
- Action commune partagée
- But ou objectif qui les rassemble
Citation CRUCIALE de Lewin (1940)
"Un groupe est plus que, ou plus exactement, différent de la somme de ses membres. Il a sa propre structure, et des relations propres avec d'autres groupes. L'essence du groupe n'est pas la similarité ni la dissimilarité de ses membres, mais leur interdépendance."
Principe de Lewin
"Le tout est différent de la somme des parties"
Explication : 5 musiciens jouant chacun dans leur coin ≠ un groupe de musique → Ensemble, ils créent une harmonie impossible individuellement
Totalité dynamique (Lewin)
Définition : Un changement d'un élément (une personne) génère un changement dans l'ensemble du système (le groupe), et dans chaque autre élément (sur chaque autre personne).
Effet domino
- Si Pierre quitte le groupe → Marie prend plus de responsabilités → Jean se sent moins impliqué → Tout le groupe change
Un élément modifié = tout le système modifié
Autres définitions importantes
Paulus (1989)
"Deux personnes ou plus qui entrent en interaction, qui ont des buts communs, qui entretiennent une relation relativement stable, qui présentent une certaine interdépendance et qui se perçoivent comme faisant partie d'un groupe."
Kelley & Thibaut (1959)
"Un ensemble d'individus devient un groupe dans la mesure où les membres acceptent une tâche commune, deviennent interdépendants et interagissent pour la réaliser."
Modèle Cyclique de Worchel (1999)
Principes du modèle
- Modèle de développement des groupes (pas des individus)
- Met en exergue l'influence de l'histoire des groupes sur leurs activités
- Tout groupe suit un cycle de quatre étapes
- Chaque étape est associée à des activités et comportements spécifiques
- Chaque membre évolue à une vitesse différente
Citation de Worchel (1999, p. 69)
"Ces étapes affectent le comportement des membres du groupe et les relations entre les groupes en sont affectées en retour par le comportement des membres et les relations intergroupes."
Les 4 phases du cycle
PHASE 1 : IDENTIFICATION
Recherche d'une nouvelle identité
- Recherche d'un groupe
- Fixation des normes
- Le groupe se définit par un nom ou une caractéristique commune
- Définit ses spécificités
- "En quoi nous sommes différents d'eux"
Résultats :
- Accroît l'homogénéité à l'intérieur du groupe ("Nous nous ressemblons")
- Accroît l'hétérogénéité avec les autres groupes ("Ils sont différents")
PHASE 2 : PRODUCTIVITÉ
Concentration sur les objectifs
- Les individus se concentrent sur les objectifs
- Motivation et cohésion sont élevées
- La productivité résulte de la concentration sur l'objectif commun
- La cohésion du groupe augmente
- La cohésion découle de l'interdépendance
- Donne sa force et son dynamisme au groupe
- Basée sur l'attraction entre membres
C'est la phase la plus efficace du groupe.
PHASE 3 : INDIVIDUATION
Différenciation des rôles et statuts
- Occupation des rôles
- Organisation des modalités d'action
- Répartition des tâches
- Différenciation des rôles et des statuts
⚠️ Risque de conflits :
- Certains membres veulent plus de pouvoir
- Désaccords sur la distribution des rôles
- Le groupe ne répond plus aux besoins de certains
- Ou les membres deviennent trop individualistes
Cette phase peut mener à la Phase 4 (Déclin) si les conflits ne sont pas résolus.
PHASE 4 : DÉCLIN ET DIVISION DU GROUPE
Fin du groupe
- Un événement déclencheur provoque le départ de certains membres ou la fin du groupe
- Une fois l'objectif rempli, en l'absence d'autres objectifs, le groupe se disloque
- Plus rien ne rassemble les gens
Issues possibles :
- Le groupe se dissout complètement
- Le groupe se divise en plusieurs sous-groupes
- Un nouveau cycle recommence (retour Phase 1 avec nouveau projet)
Aspect cyclique
Le modèle est cyclique : un groupe peut :
- Se dissoudre puis se reformer
- Passer par plusieurs cycles successifs
- Revenir en Phase 1 avec un nouvel objectif
Distinction avec autres agrégats sociaux
Définition de Homans (1950)
"Un certain nombre de personnes qui communiquent entre elles pendant une certaine période et assez peu nombreuses pour que chacune puisse communiquer avec toutes les autres, non pas par personnes interposées, mais face à face."
Cette définition rapporte la notion de groupe à une entité réduite avec de fortes interactions entre chaque membre.
Il faut distinguer le groupe d'autres configurations sociales
- Groupements sociaux
- Foule
- Masse
Les groupements sociaux (Fichter, 1957)
Définition : Individus qui se rejoignent à un moment donné et coopèrent pour satisfaire certains besoins.
Types de groupements
1. Familial
- Besoins fondamentaux
- Procréation
- Soin des enfants
2. Éducatifs
3. Économiques
- Produire et distribuer des biens et services
4. Politiques
5. Religieux
- Partager des valeurs religieuses
- Se rassembler
6. Récréatifs
- Se détendre
- Se livrer à un jeu ou exercice récréatif
Distinction clé
Les groupements sociaux sont des catégories larges qui regroupent plusieurs groupes spécifiques.
Exemple :
- "Groupement éducatif" = catégorie générale
- "Classe de L2 psychologie" = groupe spécifique
PARTIE 10: THÉORIES DE L'IDENTITÉ SOCIALE
PARTIE 2 : COHESION & AFFILIATION
Vue d'ensemble
Cette zone explore :
- Pourquoi les membres restent dans un groupe ?
- Qu'est-ce qui crée la cohésion ?
- Pourquoi cherchons-nous à nous affilier à un groupe ?
- Comment l'affect circule dans les groupes ?
Concepts clés
- Cohésion de groupe (Festinger, 1952)
- Facteurs de cohésion (homogénéité, menace externe, compétition)
- Affect dans les groupes (Bales - aire socio-opératoire vs socio-affective)
- Recherche d'affiliation (Schachter, 1959)
- Buts supra-ordonnés (Sherif, 1954)
Auteurs principaux
- Festinger (1950, 1952) : Cohésion
- Bales : Communication socio-opératoire et socio-affective
- Schachter (1959) : Anxiété et affiliation
- Sherif (1954) : Caverne aux voleurs
- Adams (1953), Stein (1976) : Facteurs de cohésion
PARTIE 3 : CYCLE DE VIE DU GROUPE
Vue d'ensemble
Cette zone explore :
- Comment un individu intègre puis quitte un groupe ?
- Quelles sont les phases de développement d'un groupe ?
- Comment les groupes évoluent dans le temps ?
Concepts clés
- Phases d'intégration (Moreland & Levine, 1982)
- Modèle cyclique (Worchel, 1999)
- Rôles et statuts (évolution dans le temps)
- Histoire du groupe et son influence
Deux modèles complémentaires
Modèle 1 - Moreland & Levine (1982) : Point de vue individuel → Comment une personne entre et sort d'un groupe
Modèle 2 - Worchel (1999) : Point de vue collectif → Comment le groupe évolue en tant qu'entité
Auteurs principaux
- Moreland & Levine (1982) : 5 phases d'intégration
- Worchel (1999) : Modèle cyclique en 4 phases
- Moreno (1965) : Définition du rôle
Structure de cette zone
Sous-carte A : Le groupe et l'individu (fonction temporaire)Sous-carte B : Phases d'intégration (Moreland & Levine)Sous-carte C : Modèle Cyclique de Worchel (4 phases)Sous-carte D : Rôles et Statuts (évolution dans le temps)
Connexions
→ Zone 1.7 : Développement des rôles et statuts → Zone 3.1 : Les conflits apparaissent souvent en Phase 3 (Individuation)
Disposition OrgPad :
[Carte principale]
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┌─────┼─────┬─────┐
A B C D
Rôles et Statuts
Définition du rôle (Moreno, 1965)
"La manière d'être et d'agir que l'individu assume au moment précis où il réagit à une situation donnée dans laquelle d'autres objets ou personnes sont engagées."
3 dimensions du rôle
1. Rôle prescrit
Ce qui est officiellement attendu
2. Rôle attendu
Ce que les autres espèrent réellement
3. Rôle joué
Ce que la personne fait vraiment
⚠️ Les 3 ne correspondent pas toujours !
Le statut
Définition
Le statut renvoie à la position de l'individu dans le groupe et implique une notion de hiérarchie.
Exemple : Le statut cadre dans une entreprise (ne dit rien du rôle et des fonctions qu'il remplit)
Deux types de statut
1. Statuts assignés ou imposés
- L'individu ne les choisit pas
- Exemples : âge, genre, famille d'origine
2. Statuts acquis
- L'individu les choisit
- Exemples : projet d'orientation professionnelle, "J'ai choisi d'être cadre"
Deux aspects du statut
1. Aspect prescriptif
- Ce qu'on attend de cette personne
2. Aspect évaluatif
- Le rang dans une échelle sociale
Évolution dans le temps
Rôle et statuts varient au cours du temps
Exemples :
- Une sœur peut prendre un rôle de mère
- Un employé devenir manager
- Un membre passif devenir leader
Conséquence :
Le groupe doit s'adapter à ces changements de rôles et statuts.
⚠️ Divergence entre attentes du groupe et comportement → conflit de rôle (voir Zone 1.7)
La foule - Définitions et caractéristiques
Question d'introduction
Pourquoi les portes incendies s'ouvrent-elles toujours vers l'extérieur ?
Réponse : À cause des phénomènes de foule et de panique qui poussent les gens vers la sortie, rendant impossible l'ouverture d'une porte qui s'ouvre vers l'intérieur.
Caractéristiques des foules
1. Rassemblement d'un grand nombre de personnes
Dans un même lieu
2. Proximité physique importante
Les gens sont serrés les uns contre les autres
3. Relations et communications réduites
Peu d'interactions verbales malgré la proximité
Définition de Le Bon (1895)
"La personnalité consciente s'évanouit, les sentiments et les idées de toutes les unités sont orientés dans une même direction. Il se forme une âme collective, transitoire sans doute, mais présentant des caractères très nets."
Principe clé
En foule, l'individu :
- Perd son individualité
- Fusionne dans un état d'esprit commun
- Ses différences individuelles sont réduites
- Ses facultés intellectuelles sont réduites
Contexte historique
Les études sur les foules ont émergé à la fin du XIXème siècle (Le Bon, Tarde, 1895) suite aux phénomènes de foule lors :
- Des révolutions
- Des manifestations de masse
- Des mouvements sociaux
Question de l'époque : Comment expliquer que des personnes "normales" deviennent violentes en foule ?
PARTIE 1 : LE GROUPE
ZONE 1.1 : FONDEMENTS DU GROUPE
CARTE PRINCIPALE
Titre : 1.1 - Fondements du Groupe
Vue d'ensemble
Cette zone explore les questions fondamentales :
- Qu'est-ce qu'un groupe ?
- Qu'est-ce qui distingue un simple regroupement d'un véritable groupe ?
- Quels sont les critères essentiels ?
Concepts clés
- Interdépendance (Lewin, Kelley & Thibaut)
- Saillance (importance perçue d'une caractéristique)
- Totalité dynamique (Lewin - effet domino)
- Critères d'existence (5 critères nécessaires)
- But collectif vs buts individuels
PARTIE 4 LES TYPES DE GROUPES
Vue d'ensemble
Cette zone explore :
- Quelles sont les différentes catégories de groupes ?
- Comment les distinguer ?
- Quelle taille pour un groupe ?
- Quels sont les groupements sociaux ?
Concepts clés
- Groupes primaires vs secondaires (Cooley, 1909)
- Groupes formels vs informels (Mayo)
- Groupe d'appartenance vs groupe de référence (Hyman, 1942)
- Taille d'un groupe (Tajfel, Homans)
- Groupements sociaux (Fichter, 1957)
Auteurs principaux
- Cooley (1909) : Primaires et Secondaires
- Mayo : Formels et Informels (Western Electric Company)
- Hyman (1942) : Appartenance vs Référence
- Kelley (1952) : Fonctions du groupe de référence
- Merton (1957) : Socialisation anticipatrice
- Tajfel : Taille minimum (3 personnes)
Structure de cette zone
Sous-carte A : Distinction avec autres agrégats (Homans, Fichter)Sous-carte B : Taille d'un groupeSous-carte C : Primaires vs Secondaires (Cooley)Sous-carte D : Formels vs Informels (Mayo)Sous-carte E : Appartenance vs Référence (Hyman, Kelley, Merton)
Connexions
→ Zone 1.1 : Les critères d'existence permettent de distinguer les types → Zone 1.6 : Le groupe de référence sert de base à la comparaison sociale
Disposition OrgPad :
[Carte principale]
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┌───┬───┼───┬───┐
A B C D E
Phases d'intégration (Moreland & Levine, 1982)
Ce modèle décrit comment un individu s'intègre puis quitte un groupe.
Perspective : Point de vue de la personne (pas du groupe)
Les 5 phases
1. Investigation
Recherche d'information et évaluation
L'individu :
- Cherche des informations sur le groupe
- Évalue si le groupe correspond à ses besoins
- Le groupe évalue aussi si l'individu correspond
2. Socialisation
Intériorisation des normes et des valeurs
L'individu :
- Apprend les règles du groupe
- Intériorise les normes
- Adopte les valeurs du groupe
- S'adapte à la cul ture du groupe
3. Maintien
Individu et groupe négocient leurs positions et rôles
- Période de stabilité
- L'individu occupe un rôle défini
- Négociations continues sur la distribution des rôles
Cette phase se termine quand il y a divergence entre la personne et le groupe sur la distribution des rôles.
4. Resocialisation
Mise à l'écart de l'individu afin qu'il redéfinisse son rôle
Deux issues possibles :
- L'individu redéfinit son rôle → retour en Phase 3 (Maintien)
- L'individu ne change pas → il est écarté du groupe
5. Souvenir
L'individu est en dehors du groupe
- Il se remémore son expérience
- Il garde des souvenirs (positifs ou négatifs)
- Ces souvenirs influencent ses futures affiliations
Exemple : Dans 15 ans, vous vous souviendrez des moments avec votre promotion de psychologie.
Principe clé
Chaque phase est une transition marquée par une décision :
- L'individu veut-il rester ?
- Le groupe veut-il garder l'individu ?
Identité sociale vs Identité personnelle
Distinction fondamentale
Identité sociale
Définition : La part de notre identité qui vient de nos appartenances à des groupes.
Caractéristiques :
- Basée sur les catégories sociales
- Réponses en termes de "nous"
- "Je suis étudiant", "Je suis français"
Exemples :
- Genre
- Nationalité
- Profession
- Religion
- Classe sociale
- Équipe sportive favorite
Identité personnelle
Définition : La part de notre identité qui nous distingue des autres membres de nos groupes.
Caractéristiques :
- Basée sur les traits individuels
- Réponses en termes de "je"
- "Je suis créatif", "Je suis timide"
Exemples :
- Traits de personnalité
- Compétences uniques
- Valeurs personnelles
- Goûts individuels
Pourquoi l'identité sociale vient en premier ?
Selon Turner (1982)
Le groupe ne répond pas à la question : ❌ "Est-ce que j'aime ces personnes ?"
Le groupe répond à la question : ✅ "Qui suis-je ?"
Fonction de l'identité sociale
Maintenir une identité positive
L'identification au groupe permet au sujet de tenter d'obtenir une image de soi positive.
Principe :Valoriser son groupe = se valoriser soi-même
Exemple :
- "Mon équipe de foot a gagné" → Je me sens fier
- "Mon université est prestigieuse" → Je me sens valorisé
- Mon groupe est critiqué → Je me sens attaqué personnellement
Approche catégorielle de l'identité
Cette approche de l'identité est dite "catégorielle".
Principe :Identité = Catégorie sociale
L'identité sociale est fondée sur la notion d'identification au groupe.
Ce groupe est un "construct" (produit) de l'activité mentale.
Principe clé
Une catégorie de personnes ne définit pas un groupe en soi, mais plutôt le sentiment d'appartenance.
Exemple :
- "Tous les gens nés un mardi" = catégorie, mais pas un groupe (pas de sentiment d'appartenance)
- "Tous les étudiants de psycho L2" = peut devenir un groupe si sentiment d'appartenance
Théorie des Fules (Le Bon & Tarde, 1895)
Constat de base
- En foule, les individus "fusionnent" dans un état d'esprit commun
- La situation générée par la foule tend à réduire les différences interindividuelles
- Les facultés intellectuelles sont réduites
Théorie
État similaire à l'hypnose
L'individu en foule serait dans un état similaire à celui de l'hypnose :
- Perte de contrôle conscient
- Suggestibilité accrue
- Comportement impulsif
Inventeurs et imitateurs
Il y aurait des "inventeurs" qui initient le mouvement, et des "imitateurs" qui le suivent.
Caractéristiques de la foule selon Tarde & Le Bon
1. Comportement passif
Envers tout ce qui ne répond pas à leur motivation individuelle
2. Faible niveau d'échanges sociaux
Peu de communication verbale malgré la proximité
3. Affaiblit l'inhibition et le contrôle de soi
Les barrières morales tombent
4. Prévalence de l'affect sur la raison
Les émotions dominent la réflexion
5. Contagion des émotions
Les émotions se propagent rapidement dans la foule
6. Stimulation latente
Peut s'exprimer par une explosion d'enthousiasme ou de violence
7. Désindividuation des comportements
Dilution de responsabilité
Exemple
Les manifestations politiques pacifistes qui finissent par des accès de violence, des magasins vandalisés.
Principe de Le Bon & Tarde
"Le tout est moins que la somme des parties"
Explication :
L'individu dans une foule est moins que ce qu'il est individuellement.
Ses fonctions cognitives et capacités sont réduites à un stade :
- Primitif
- Infantile
- Voire animal
⚠️ Vision très négative de la foule
PARTIE 5 : FOULES ET MASSES
ZONE 1.5 : FOULES ET MASSES
Couleur : ORANGE | Partie 1 : LE GROUPE
CARTE PRINCIPALE
Titre : 1.5 - Foules et Masses : Phénomènes de Groupe Extrêmes
Vue d'ensemble
Cette zone explore les phénomènes de groupe extrêmes :
- Qu'est-ce qu'une foule ?
- Comment se comporte-t-on en foule ?
- Qu'est-ce qu'une masse ?
- Quelle différence entre foule et masse ?
- Qu'est-ce que la désindividuation ?
Concepts clés
- La foule (Le Bon, Tarde, 1895)
- Foule naturelle vs artificielle (Moscovici, 1981)
- Théorie de la Convergence (Allport, 1924)
- Désindividuation (Festinger, 1952)
- Les masses (Moscovici)
- Distinction foule vs masse
Auteurs principaux
- Le Bon & Tarde (1895) : Théorie des foules
- Moscovici (1981) : Foules naturelles/artificielles, Masses
- Freud (1920) : Psychologie des masses
- Allport (1924) : Théorie de la Convergence
- Festinger (1952) : Désindividuation
Structure de cette zone
Sous-carte A : La foule - Définitions et caractéristiquesSous-carte B : Théorie des Foules (Le Bon & Tarde)Sous-carte C : Foules selon Moscovici (naturelle vs artificielle)Sous-carte D : Autres théories (Freud, Allport)Sous-carte E : Désindividuation (Festinger, 1952)Sous-carte F : Les MassesSous-carte G : Distinction Foule vs Masse
Connexions
→ Zone 1.7 : La désindividuation liée aux rôles (Zimbardo) → Zone 1.8 : Les normes sont "mises en veille" en foule
Disposition OrgPad :
[Carte principale]
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A B C D E F G
PARTIE 6 : COMPARAISON SOCIALE
Vue d'ensemble
Cette zone explore :
- Comment nous nous évaluons ?
- Pourquoi nous comparons-nous aux autres ?
- Quels sont les différents types de comparaisons ?
- Quelles conséquences sur l'estime de soi ?
Concept clé
Théorie de la Comparaison Sociale (Festinger, 1954)
L'individu a besoin de s'auto-évaluer. En l'absence de critères objectifs, il a recours à la comparaison avec autrui.
Auteur principal
Festinger (1954)
Structure de cette zone
Sous-carte A : Principe de base de la théorieSous-carte B : Les 3 types de comparaisonsSous-carte C : Pression à l'uniformitéSous-carte D : Fonction comparative du groupe de référence
Connexions
→ Zone 1.4 : Le groupe de référence (Kelley) a une fonction comparative → Zone 2.2 : La comparaison sociale sert à maintenir une identité positive (Tajfel)
Disposition OrgPad :
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A B C D
PARTIE 7 : RÔLES, STATUTS ET POUVOIR DES CONTEXTES
Vue d'ensemble
Cette zone explore :
- Qu'est-ce qu'un rôle ? Un statut ?
- Comment les rôles influencent-ils le comportement ?
- Quelle est la puissance du contexte situationnel ?
- Quels sont les types de conflits de rôle ?
Concepts clés
- Rôle (Moreno, 1965) : 3 dimensions
- Statut (Maisonneuve, 1980) : 2 types, 2 aspects
- Conflits de rôle (Kahn, 1964) : 4 types
- Effet Lucifer (Zimbardo, 1971)
- Désindividuation et rôles (Zimbardo, 1969)
- Effet des costumes (Johnson & Downing, 1979)
Auteurs principaux
- Moreno (1965) : Définition du rôle
- Maisonneuve (1980) : Définitions formelles
- Kahn (1964) : 4 types de conflits de rôle
- Zimbardo (1971) : Expérience de Stanford
- Zimbardo (1969) : Rôle et désindividuation
- Johnson & Downing (1979) : Effet des costumes
Structure de cette zone
Sous-carte A : Définitions rôle et statutSous-carte B : Évolution et conflits de rôleSous-carte C : Expérience de Stanford (Zimbardo, 1971)Sous-carte D : Désindividuation et anonymat (Zimbardo, 1969)Sous-carte E : Effet des costumes (Johnson & Downing, 1979)
Connexions
→ Zone 1.3 : Rôles et statuts évoluent dans le cycle de vie du groupe → Zone 1.5 : La désindividuation vue dans les foules
Disposition OrgPad :
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A B C D E
PARTIE 8 : NORMES ET CONFORMISME
Vue d'ensemble
Cette zone explore :
- Qu'est-ce qu'une norme sociale ?
- Comment se forment les normes ?
- Pourquoi nous conformons-nous au groupe ?
- Quelles sont les fonctions des normes ?
Concepts clés
- Normes sociales vs Règles
- Normalisation (Sherif, 1936)
- Conformisme (Asch, 1951)
- Ignorance collective (Latané & Darley, 1968)
- Fonctions des normes (Feldman, Fischer)
Auteurs principaux
- Sherif (1936) : Effet autocinétique, Normalisation
- Asch (1951) : Conformisme
- Montmollin (1965) : Discrimination visuelle
- Latané & Darley (1968) : Ignorance collective
- Feldman (1984) : Caractéristiques des normes
- Fischer (2020) : Définition synthétique
Principe fondamental (Oberlé, 2004)
Citation clé d'Oberlé (2004)
"Le groupe est le lieu où s'élabore l'identité."
Explication
Le groupe comme constructeur d'identité
Le groupe n'est pas seulement un rassemblement de personnes.C'est un espace psychologique où se construit notre sens de "qui nous sommes".
Réponse à la question centrale
Pourquoi les résultats au test "Qui suis-je ?" montrent-ils que nous nous définissons d'abord par nos groupes ?
Réponse :
Parce que c'est un moyen pour nous de maintenir une identité positive, une bonne estime de soi et une bonne image de soi.
Mécanisme
Processus d'identification
1. Je m'identifie à un groupe "Je suis étudiant en psychologie"
2. Je valorise ce groupe "Les étudiants en psycho sont intelligents et empathiques"
3. Je me valorise par extension "Donc je suis intelligent et empathique"
Besoin fondamental
Le besoin de sentiment d'appartenance à un groupe répond à un besoin fondamental :
Maintenir une identité sociale positive
Implications
L'identité est sociale avant d'être individuelle
Notre identité se construit d'abord dans nos relations aux groupes, puis dans notre individualité.
Le groupe précède l'individu
Dans la construction identitaire, l'appartenance groupale est première, l'individualité est seconde.
Le groupe et l'individu
Points clés
1. Fonction différente pour chaque membre
Le groupe remplit toujours une fonction différente pour chacun de ses membres.
Exemple : Dans un groupe de musique :
- L'un veut devenir riche
- L'autre veut être célèbre
- Un autre veut exprimer sa créativité
Chacun utilise le groupe pour accomplir son projet personnel.
2. Le groupe est un moyen
Le groupe est un moyen d'accomplir un projet pour l'individu.
Le groupe n'est pas une fin en soi, mais un outil au service des buts individuels (qui convergent vers un but collectif).
3. Le groupe est temporaire
Le groupe a un début et une fin.
- Début : Formation, entrée des membres
- Vie : Fonctionnement, évolution
- Fin : Dissolution, départ des membres
Implications
Pour l'individu
- L'individu reste tant que le groupe répond à ses besoins
- Quand le groupe ne remplit plus sa fonction → l'individu part
Pour le groupe
- Les membres vont et viennent
- Le groupe doit s'adapter aux départs et arrivées
- Le groupe peut survivre au départ de certains membres
Souvenir du groupe
Dans 15 ans, vous vous souviendrez des moments avec votre promotion d'étudiants de psychologie.
Le groupe aura disparu, mais le souvenir persiste (voir Phase 5 de Moreland & Levine).
PARTIE 9 : CONSTRUCTION DE L'IDENTITÉ SOCIALE
Vue d'ensemble
Cette partie explore la question centrale :
Pourquoi nous nous définissons d'abord par nos groupes d'appartenance (identité sociale) plutôt que par nos caractéristiques individuelles (identité personnelle) ?
Réponse : Pour maintenir une identité positive, une bonne estime de soi et une bonne image de soi.
Question de départ : Test du "Qui suis-je ?"
Observation fondamentale (Kuhn & McPartland, 1954) :
Quand on demande aux gens de se définir 20 fois ("Je suis..."), ils utilisent d'abord des étiquettes groupales (identité sociale) avant les caractéristiques personnelles.
Exemples :
- "Je suis une femme/un homme"
- "Je suis étudiant(e) en psychologie"
- "Je suis français(e)"
Ce n'est que vers la fin qu'apparaissent les traits personnels ("Je suis créatif", "Je suis timide"
Foules selon Moscovici (1981)
Moscovici distingue deux types de foules
Foule naturelle (ou spontanée)
Définition
Rassemblement d'individus physiques à un endroit donné pour une raison qui les touche tous.
Caractéristiques
- Se forme sans préparation ni planification préalable
- Exemple : un accident de voiture, catastrophe naturelle
- Se constituent sous l'influence de conditions externes
- Se forment sur la base d'une série d'impulsions
- Se maintiennent par un enchaînement de réactions
- Dépendent de facteurs physiques
Principe
La foule naturelle est réactive : elle réagit à un événement extérieur imprévu.
Foule artificielle (ou organisée)
Définition
Foule organisée et disciplinée. Ses membres ne sont pas forcément présents physiquement entre eux.
Caractéristiques
- Organisée ou créée par des forces extérieures ou des structures sociales
- Exemples : manifestations politiques, concerts, rassemblements de fans
- Se constituent sous l'influence de conditions internes
- Se forment sur la base d'une série de facteurs psychosociaux
- Indépendantes des variations du milieu physique
- Peut se faire en visio, ou en l'absence de certains membres
Principe
La foule artificielle est proactive : elle est organisée intentionnellement pour un but précis.
Différence clé
Foule naturelle :
- Spontanée
- Réactive à un événement
- Non planifiée
Foule artificielle :
- Organisée
- Proactive
- Planifiée
Note importante
Cette distinction n'est pas toujours nette. Une foule peut commencer naturelle (réaction spontanée) puis devenir organisée.
Les 3 types de comparaisons
1. Comparaisons ascendantes
Définition
Avec des personnes jugées supérieures selon le critère d'évaluation.
Fonction
- Motivation
- Aspiration
- Modèle à atteindre
Conséquence possible
⚠️ Peut entraîner une baisse d'estime de soi si l'écart est trop grand.
Exemple
Un coureur amateur se compare aux athlètes olympiques.
2. Comparaisons descendantes
Définition
Avec des personnes estimées inférieures selon le critère d'évaluation.
Fonction
- Valorisation de soi
- Réassurance
- Se sentir mieux dans sa situation
Conséquence
✅ Augmente l'estime de soi.
Exemple
Le même coureur se compare à ceux qui ne font pas de sport.
3. Comparaisons latérales
Définition
Avec des semblables selon le critère d'évaluation.
Souvent : même âge, même sexe, même situation.
Fonction
- Évaluation réaliste de soi
- Savoir où on se situe vraiment
- Comparaison la plus pertinente
Conséquence
Permet une auto-évaluation précise.
Exemple
Le coureur se compare à d'autres amateurs de son âge et niveau.
Application pratique : Un coureur amateur
Comparaison ascendante :
- Regarde les athlètes olympiques
- Effet : Motivation à progresser
Comparaison descendante :
- Regarde ceux qui ne font pas de sport
- Effet : Se sent valorisé ("au moins je fais du sport")
Comparaison latérale :
- Regarde d'autres coureurs amateurs de son niveau
- Effet : Évaluation réaliste de ses performances
Principe clé
Chaque type de comparaison a une fonction psychologique différente.
L'individu utilise stratégiquement différents types de comparaisons selon ses besoins du moment :
- Besoin de motivation → comparaison ascendante
- Besoin de réassurance → comparaison descendante
- Besoin d'évaluation → comparaison latérale
Test du Qui suis-je ? (Kuhn & McPartland, 1954)
Protocole
Consigne
Répondez 20 fois à la question "Qui suis-je ?"
- Utilisez des mots ou courtes phrases
- Vous avez 10 minutes
- Répondez spontanément
Format
- Je suis ...
- Je suis ...
- Je suis ...
- (20 fois)
Résultats observés
Observation principale
Dans l'immense majorité des cas, les gens se définissent avant tout par des étiquettes groupales → l'identité sociale
Exemples de réponses typiques (en premier) :
- Je suis une femme / un homme
- Je suis étudiant(e) en psychologie
- Je suis français(e)
- Je suis fils/fille de...
- Je suis membre de...
Observation secondaire
C'est seulement lors des dernières réponses que viennent les caractéristiques intrinsèquement personnelles → l'identité personnelle
Exemples de réponses typiques (en dernier) :
- Je suis créatif(ve)
- Je suis timide
- Je suis ambitieux(se)
- Je suis drôle
Interprétation
Révèle la hiérarchie identitaire
Ce test révèle que nous nous définissons d'abord par nos appartenances sociales (genre, profession, nationalité) avant nos traits individuels (qualités, défauts personnels).
Cette hiérarchie n'est pas anodine
Elle montre l'importance fondamentale du groupe dans la construction de notre identité.
Catégories de réponses
Le test permet d'identifier 3 types d'identité :
1. Identité sociale
Catégories sociales : étudiant, français, femme/homme
2. Identité relationnelle
Rôles : fils/fille, ami(e), collègue
3. Identité personnelle
Traits de personnalité : gentil, curieux, ambitieux
Analyse
Le ratio entre ces 3 types indique le poids de l'appartenance groupale dans l'identité.
Plus on utilise de catégories sociales → Plus l'identité sociale est importante pour nous.
Désindividuation (Festinger, 1952)
Définition
Perte de la conscience de soi, du sentiment d'unicité et du sens de l'individualité.
Principe de base
En foule, l'individu est anonyme et perd son individualité.
L'unité du groupe et l'excitation affaiblissent les contrôles personnels :
- Culpabilité
- Honte
- Auto-évaluation
Résultat : Les normes sociales seraient alors "mises en veille".
Expérience de Festinger sur l'anonymat
Protocole
- On indique à des étudiants que la majorité des étudiants ont une haine cachée envers leurs parents
- Mise en groupe pour débat sur cette question
Variable Indépendante (VI) :
- Différents degrés d'anonymat dans les discussions
Variable Dépendante (VD) :
- Nombre de commentaires hostiles vis-à-vis des parents
Résultats
Corrélation entre l'anonymat et le nombre de commentaires hostiles vis-à-vis des parents.
Plus l'anonymat est élevé, plus les commentaires hostiles augmentent.
Conclusion de Festinger
Les individus en groupe n'auraient pas le même comportement que seuls parce qu'ils ne ressentent pas leur comportement comme individuel.
Facteurs de désindividuation identifiés
- Le rôle social (voir Zone 1.7 - Zimbardo)
- L'excitation
- L'alcool
- La drogue
- L'anonymat
Obstacles au sentiment d'unicité
Festinger énumère différentes caractéristiques comme :
- L'anonymat
- La similitude vestimentaire
Ces éléments sont des obstacles au sentiment d'unicité.
Conséquences
Ses études montrent que la désindividuation en foule :
- Augmente l'agressivité
- Augmente les comportements anti-sociaux des individus
Lien avec les normes
La désindividuation met les normes sociales en veille.
Les comportements normalement interdits deviennent possibles car :
- L'individu ne se sent pas responsable individuellement
- Le groupe "protège" de la culpabilité personnelle
Fonction comparative du groupe de référence
Rappel : Groupe de référence (Kelley, 1952)
Voir Zone 1.4 pour définition complète
Le groupe de référence a deux fonctions :
- Fonction normative
- Fonction évaluative (comparative) ← nous sommes ici
Fonction évaluative (comparative)
Principe
L'individu s'évalue par comparaison avec les membres du groupe de référence jugés favorablement.
Rôle du groupe de référence
Point de comparaison qui délimite :
- Le normal et l'anormal
- Le bien et le mal
- Le réussi et le raté
Utilisation de cette fonction
Permet de s'évaluer soi
Question : "Est-ce que je suis bon ?"
Réponse : Par comparaison avec le groupe de référence.
Exemple :
- Groupe de référence = musiciens professionnels
- Tu te compares à eux pour évaluer ton niveau
Permet d'évaluer autrui
Question : "Est-ce qu'il/elle est bon(ne) ?"
Réponse : Par comparaison avec le groupe de référence.
Permet d'ajuster son comportement
En fonction de l'écart constaté avec le groupe de référence :
- Si trop d'écart → motivation à changer
- Si conforme → satisfaction
Lien avec la Théorie de Festinger (1954)
La fonction comparative du groupe de référence (Kelley, 1952) s'inscrit dans la Théorie de la Comparaison Sociale (Festinger, 1954).
Festinger explique POURQUOI nous comparons (besoin d'auto-évaluation)
Kelley explique AVEC QUI nous comparons (le groupe de référence)
Exemple concret
Étudiant en médecine :
- Groupe de référence : Médecins diplômés
- Fonction comparative : Se compare à eux pour évaluer sa progression
- Ajustement : Modifie son comportement pour se rapprocher du standard
→ Socialisation anticipatrice (Merton, 1957 - voir Zone 1.4)
Fonctions des normes
Les 3 fonctions principales
1. Réduction de l'ambiguïté et de l'incertitude
Principe
Les normes réduisent l'incertitude sur comment se comporter.
Mécanisme
En définissant ce qui est attendu, les normes nous guident dans les situations ambiguës.
Exemple
- Dans un restaurant chic : normes vestimentaires et comportementales claires
- → On sait comment se comporter
- → Moins d'anxiété sociale
2. Évitement du conflit
Principe
Les normes permettent d'accepter des positions contraires à celles habituellement partagées, pour éviter le conflit.
Mécanisme
Plutôt que de s'opposer frontalement, on accepte un compromis basé sur la norme.
Exemple
- Norme "on ne parle pas politique au repas de famille"
- → Évite les conflits
- → Maintient l'harmonie
3. Processus de négociation
Principe
Acceptation du plus petit dénominateur commun via petites concessions réciproques.
Avantage
Coût psychologique faible : petites concessions progressives plutôt qu'un grand changement brutal.
Exemple
- Négociation salariale : convergence progressive
- Chacun fait de petites concessions
- → Accord sur une norme acceptable pour tous
Fonctions spécifiques (Feldman, 1984 ; Spich & Keleman, 1985)
A. Contrôler l'environnement
Rendre l'environnement prévisible → simplification des interactions sociales.
On sait à quoi s'attendre.
B. Systèmes d'évitement
Établir des sujets à éviter (sujets délicats).
Exemples :
- Ne pas parler salaire entre collègues
- Éviter certains sujets sensibles
C. Établir les particularités du groupe
Définir :
- Identité collective
- Valeurs partagées
- Objectifs communs
Résultat : Les normes distinguent le groupe des autres groupes.
Principe général
Les normes sont des outils sociaux qui facilitent la vie en groupe en :
- Réduisant l'incertitude
- Évitant les conflits
- Facilitant la coordination
- Définissant l'identité collective
Sans normes, la vie sociale serait chaotique et imprévisible.
Définition et caractéristiquesn des normes
Définition synthétique (Fischer, 2020)
« Une norme peut être définie comme un type de pression cognitive et psychosociale se référant à des valeurs dominantes et des opinions partagées dans une société ; elle s'exprime sous forme de règles de conduite plus ou moins explicite en vue d'obtenir des comportements appropriés socialement. »
Définition simple
Attentes partagées sur le comportement jugé désirable et acceptable.
Les normes indiquent une manière d'agir dans une situation donnée.
⚠️ Rappel important
Normes ≠ Règles
Normes :
- Implicites ou explicites
- Pression sociale
- Sanction informelle (rejet, moquerie)
Règles :
- Explicites, écrites
- Cadre légal/formel
- Sanction formelle (amende, prison)
Caractéristiques des normes (Feldman, 1984 ; Spich & Keleman, 1985)
1. Transgressables en stabilité, mais pas en crise
Certaines normes peuvent être transgressées en période calme, mais deviennent strictes en période de crise.
Exemple :
- Temps normal : arriver 5 min en retard toléré
- Crise : arriver à l'heure devient obligatoire
2. Permettent de contrôler l'environnement
Les normes rendent l'environnement prévisible.
Résultat : Simplification des interactions sociales.
On sait à quoi s'attendre → moins d'incertitude.
3. Systèmes d'évitement
Les normes établissent des sujets à éviter (sujets délicats).
Exemples :
- Ne pas parler politique au repas de famille
- Ne pas parler salaire entre collègues
4. Établissent les particularités du groupe
Les normes définissent :
- Identité collective du groupe
- Valeurs partagées
- Objectifs communs
Résultat : Distinguent le groupe des autres groupes.
Travaux initiaux
Les études sur les normes ont été initiées par :
Le Processus de Négociation
DÉFINITION
Le processus de négociation se caractérise par des échanges qui ont pour but de régler les problèmes à partir des intérêts, droits et revendications de chacun.
La négociation aboutit après avoir déterminé les modalités acceptables pour les deux parties.
CARACTÉRISTIQUES
1. Révélation des dynamiques
C'est dans ces phases de résolution que les dynamiques propres sont dévoilées :
- Différences entre dynamiques individuelles et rapports collectifs
- Intentions réelles de chaque acteur (déclarées ou non)
2. Objectif
Trouver un terrain d'entente acceptable pour toutes les parties impliquées dans le conflit.
3. Base de l'échange
La négociation repose sur :
- Les intérêts de chaque partie
- Les droits revendiqués
- Les revendications exprimées
RÉFÉRENCES
Thomas & Pondy (1977) : Modèle d'intention dans la gestion des conflits entre parties principales
Crozier & Friedberg (1977) : L'acteur et le système - analyse des stratégies d'acteurs dans les organisations
Théorie de la Comparaison Sociale (Festinger, 1954)
Principe fondamental
L'individu a besoin de s'auto-évaluer.
En l'absence de critères objectifs, il a recours à la comparaison avec autrui.
Fonctionnement permanent
La fonction comparative intervient en permanence au quotidien.
Nous nous comparons constamment aux autres sur :
- Nos capacités
- Nos opinions
- Nos performances
- Nos possessions
- Notre apparence
- Notre situation
Pourquoi se comparer ?
Besoin d'auto-évaluation
L'être humain a un besoin fondamental de savoir où il se situe :
- Suis-je bon dans ce domaine ?
- Est-ce que je réussis ?
- Ma situation est-elle normale ?
- Mes opinions sont-elles justes ?
Absence de critères objectifs
Souvent, il n'existe pas de critère objectif absolu pour s'évaluer.
Exemples :
- "Suis-je un bon étudiant ?" → Pas de mesure absolue, on se compare aux autres étudiants
- "Mon salaire est-il correct ?" → On se compare aux salaires des collègues
- "Est-ce que je suis en forme ?" → On se compare aux autres de notre âge
Fonction du groupe
Le groupe sert de point de référence pour ces comparaisons.
→ Lien avec Kelley (1952) et la fonction comparative du groupe de référence (voir Zone 1.4)
Définitions : Rôle et Statut
Le rôle
Définition de Moreno (1965)
"La manière d'être et d'agir que l'individu assume au moment précis où il réagit à une situation donnée dans laquelle d'autres objets ou personnes sont engagées."
Définition de Maisonneuve (1980)
"L'ensemble des conduites requises, attendues ou jouées par un sujet en fonction de sa position dans un système donné."
3 dimensions du rôle
1. Rôle prescrit
Ce qui est officiellement attendu
Exemple : Un professeur doit enseigner (rôle prescrit dans le contrat)
2. Rôle attendu
Ce que les autres espèrent réellement
Exemple : Les étudiants attendent aussi que le prof soit disponible, compréhensif
3. Rôle joué
Ce que la personne fait vraiment
Exemple : Le prof peut être plus ou moins disponible en réalité
⚠️ Important
Les 3 dimensions ne correspondent pas toujours !
C'est cette non-correspondance qui crée les conflits de rôle (voir sous-carte B).
Le statut
Définition de Maisonneuve (1980)
"La position officielle, institutionnalisée ou socialement reconnue, d'un individu dans un système organisé ou hiérarchisé."
Plus simplement : Position objective occupée en fonction du niveau social.
Le statut renvoie à la position de l'individu dans le groupe et implique une notion de hiérarchie.
Distinction rôle vs statut
Statut : Position objective (cadre, employé, étudiant)
Rôle : Aspect dynamique et subjectif du statut (ce qu'on fait concrètement)
Exemple :
- Statut : cadre dans une entreprise
- Rôle : manager d'équipe, négociateur, formateur (fonctions concrètes)
Le statut ne dit rien du rôle et des fonctions qu'il remplit.
Deux types de statut
1. Statuts assignés ou imposés
L'individu ne les choisit pas
Exemples :
- Âge
- Genre
- Famille d'origine
- Nationalité de naissance
2. Statuts acquis
L'individu les choisit
Exemples :
- Projet d'orientation professionnelle
- "J'ai choisi d'être cadre"
- "J'ai choisi de faire de la politique"
Deux aspects du statut
1. Aspect prescriptif
Ce qu'on attend de cette personne
2. Aspect évaluatif
Le rang dans une échelle sociale
Conformisme (Asch, 1951)
Contexte
Question : Les gens se conforment-ils au groupe même quand la réponse est évidente ?
Protocole
Tâche
Quelle barre est de longueur égale ?
Présentation de barres de longueurs différentes. La réponse est évidente visuellement.
Composition du groupe
- 1 sujet naïf (participant réel)
- Plusieurs compères (complices de l'expérimentateur)
Manipulation
Les compères donnent tous une mauvaise réponse (volontairement).
Le sujet naïf répond en dernier.
Variable Dépendante (VD)
Est-ce que le sujet naïf :
- Donne la bonne réponse (réponse évidente) ?
- Ou se conforme à la mauvaise réponse du groupe ?
Résultats
Conformisme dans ~37% des essais critiques
Environ 1/3 des participants se conforment à la mauvaise réponse du groupe, malgré l'évidence perceptive.
Explication
Pression du groupe
Même quand la réponse est objectivement claire, la pression sociale peut nous faire douter de notre jugement.
Mécanismes
1. Doute de soi
- "Peut-être que je me trompe ?"
- "Ils voient peut-être quelque chose que je ne vois pas"
2. Peur du rejet
- Ne pas vouloir être différent
- Éviter d'être ridiculisé
3. Besoin d'appartenance
- S'aligner sur le groupe pour être accepté
Distinction avec Sherif
Sherif (normalisation) :
- Situation ambiguë (pas de bonne réponse objective)
- Convergence naturelle
Asch (conformisme) :
- Situation claire (réponse évidente)
- Conformité malgré l'évidence
- Céder à la pression du groupe
Variables modératrices
Le conformisme augmente quand :
- Taille du groupe augmente (jusqu'à un seuil)
- Unanimité du groupe (si une personne diverge, conformisme chute)
- Importance du groupe pour l'individu
- Cohésion du groupe
Le conformisme diminue quand :
- Présence d'un allié (une autre personne donne la bonne réponse)
- Possibilité de répondre anonymement
Implications
Puissance de la pression sociale
Même des évidences perceptives peuvent être remises en question sous la pression du groupe.
Applications pratiques
- Jurys (influence de la majorité)
- Décisions de groupe
- Phénomènes de mode
- Dynamiques de groupe au travail
Autres théories des foules
Psychologie des masses et Analyse du moi (Freud, 1920)
Contexte
Freud analyse l'Armée et l'Église comme exemples de masses organisées.
Perspective psychanalytique
Freud s'intéresse aux conséquences de la foule sur le "moi", au niveau individuel.
Mécanismes identifiés
1. Lien libidinal avec le meneur
- L'individu serait lié au meneur par un lien libidinal
- Identification
- Narcissisme
- Idéal du moi
2. Lien affectif
- Ce lien affectif permet la cohésion
3. Identification au meneur par idéalisation
- Cette identification tend à effacer l'individu, le "moi"
Principe
Pour Freud, la foule fait régresser l'individu à un stade psychologique primitif.
→ Mécanismes inconscients dans les groupes (voir Anzieu, 1972 ; Kaës, 1982)
Théorie de la Convergence (Allport, 1924)
Citation clé
"Un individu dans une foule se comporte comme il se comporterait seul, mais encore plus."
Principes
1. Le comportement de foule n'est pas irrationnel
L'individu ne devient pas "fou" en foule.
2. L'individu exprime ses croyances et valeurs existantes
La foule révèle ce qui était déjà présent, elle ne crée pas de nouvelles tendances.
3. Produit rationnel généralisé
La réaction de la foule est le produit rationnel généralisé de sentiments populaires.
Opposition à Le Bon & Tarde
Allport s'oppose à la vision de Le Bon et Tarde :
Le Bon & Tarde :
- La foule rend l'individu irrationnel
- "Le tout est moins que la somme des parties"
Allport :
- L'individu reste rationnel
- La foule amplifie ce qui existe déjà
- "La foule révèle l'individu"
Conclusion
Deux visions opposées de la foule :
- Pessimiste (Le Bon, Tarde) : la foule dégrade l'individu
- Optimiste (Allport) : la foule révèle l'individu
Les Masses
Définition
Agrégat social dont les éléments sont isolés.
Caractéristiques
1. Composition hétérogène
Grande diversité de profils
2. Grande diversité sur les critères relatifs au statut social
Pas d'homogénéité sociale
3. Variation des normes sociales existantes
Les normes ne sont jamais partagées par l'ensemble des personnes
4. Changements rapides de comportement
Cette variation implique de rapides changements de comportement des masses
5. Irrationnalisation (Moscovici, 1981)
Décompression des forces émotionnelles
Citation de Moscovici (1981)
"Le lien entre les membres d'une masse est une espèce de télépathie sociale, les mêmes pensées et les mêmes images sont évoquées pour des millions d'individus et se propagent de proche en proche à la façon des ondes de radio. De sorte qu'ils sont constamment préparés à se retrouver en foule."
Exemples de masses
- La masse des électeurs
- La masse des consommateurs Apple
- Les supporters d'une équipe (dispersés mais unis)
- Les fans d'une célébrité
Principe clé
Une masse est dispersée géographiquement mais partage :
- Des idées communes
- Des valeurs communes
- Un sentiment d'appartenance
Métaphore : La masse est comme un réservoir d'eau (potentiel), la foule est comme l'eau qui jaillit (actualisé).
Transformation masse → foule
Une masse peut se transformer en foule lors d'événements :
- Concert
- Manifestation
- Rassemblement
Exemple :
- Masse : Les fans de Taylor Swift (dispersés mondialement)
- Foule : Concert de Taylor Swift (rassemblement physique, ponctuel)
Pression à l'uniformité
Hypothèse de Festinger
Festinger pose l'hypothèse d'une pression à l'uniformité quand un groupe est un critère d'évaluation important.
Résultat : Processus de normalisation.
Mécanismes de la pression à l'uniformité
Deux stratégies possibles
Quand une personne diverge du groupe :
Stratégie 1 : Influencer les autres
L'individu tente d'influencer les membres pour qu'ils se rapprochent de sa position.
Stratégie 2 : Se conformer
OU il change sa position pour adopter celle du groupe.
Conséquence sur les déviants
⚠️ Les personnes trop divergentes ne sont plus utilisées comme point de comparaison.
Processus :
- Une personne diverge trop du groupe
- Le groupe tente de la ramener à la norme
- Si échec → la personne est exclue ou ignorée
- Elle n'est plus considérée comme point de référence valide
→ Phénomène de déviance
Implications
Pour le groupe
- Le groupe cherche à maintenir une homogénéité minimale
- Les normes du groupe tendent à converger
- Les opinions se rapprochent
Pour l'individu
- Choix : Se conformer ou être exclu
- Difficulté à maintenir une position divergente
- Pression psychologique forte
Lien avec d'autres concepts
→ Zone 1.8 : Conformisme (Asch) La pression à l'uniformité est une des causes du conformisme.
→ Zone 4.2 : Polarisation collective (Moscovici) La pression à l'uniformité peut mener à une polarisation des opinions.
Évolution et Conflits de rôle"
Évolution des rôles et statuts
Rôle et statuts varient au cours du temps
Exemples d'évolution
- Une sœur peut prendre un rôle de mère
- Un employé devenir manager
- Un membre passif devenir leader
Conséquence
Le groupe doit s'adapter à ces changements de rôles et statuts.
⚠️ Divergence entre attentes du groupe et comportement → conflit de rôle
Les 4 Types de Conflits de Rôle (Kahn, 1964)
1. Conflit personnel (ou intra-rôle)
Définition : Attentes des individus incompatibles avec le groupe
Exemple :
- Le groupe attend que tu sois autoritaire
- Mais toi, tu veux être bienveillant
- Conflit : Ta personnalité vs les attentes du rôle
2. Conflit intra-émetteur
Définition : Directives contradictoires avec les demandes (même émetteur)
Injonction paradoxale
Exemple :
- Un chef dit : "Soyez créatifs... mais ne sortez pas du cadre"
- "Prenez des initiatives... mais demandez toujours mon avis avant"
- Conflit : Impossible de satisfaire les deux demandes simultanément
3. Conflit inter-émetteur
Définition : Demandes contradictoires par plusieurs émetteurs différents
Exemple :
- Ton supérieur direct te demande de ne pas respecter les normes d'hygiène (pour aller plus vite)
- Mais l'inspection exige le respect strict des normes
- Conflit : Impossible de satisfaire les deux émetteurs
4. Conflit inter-rôles
Définition : Deux émetteurs obligent à choisir entre deux rôles
Exemple :
- Rôle professionnel : Réunion importante au bureau à 18h
- Rôle parental : Spectacle d'école de ton enfant à 18h
- Conflit : Impossible d'être dans les deux rôles simultanément
C'est la cause majeure du burn-out.
Conséquences des conflits de rôle
- Stress élevé
- Baisse de performance
- Insatisfaction
- Épuisement professionnel (burn-out)
- Sentiment d'incompétence
Principe clé
Les conflits de rôle sont inévitables dans la vie sociale.
La question n'est pas de les éviter, mais de savoir les gérer et les négocier.
Normalisation (Sherif, 1936)
Phénomène utilisé
Effet autocinétique
Dans le noir, un point lumineux fixe paraît bouger alors qu'il ne bouge pas objectivement.
C'est une illusion perceptive.
Protocole de Sherif (1936)
Tâche
Évaluer le mouvement d'un point lumineux (qui ne bouge pas en réalité).
Condition
Situation ambiguë : Pas de repère objectif pour juger.
Phases
Phase 1 : Jugements individuels
- Chacun donne son estimation
- Grande variabilité entre individus
Phase 2 : Jugements en groupe
- Les participants discutent et donnent leurs estimations ensemble
Résultats
Les sujets convergent vers la « norme » groupale.
Processus :
- Au départ, estimations très différentes
- En groupe, les estimations se rapprochent
- Une norme commune émerge
- Cette norme persiste même quand les individus sont seuls ensuite
Principe : Normalisation
En situation d'incertitude, nous utilisons les informations des autres pour déterminer notre conduite.
Mécanisme
Incertitude perceptive → Besoin de validation sociale → Convergence vers la norme du groupe
Distinction avec Asch
Sherif (normalisation) :
- Situation ambiguë (pas de bonne réponse)
- Convergence naturelle vers une norme commune
- Réduction de l'incertitude
Asch (conformisme - voir sous-carte C) :
- Situation claire (réponse évidente)
- Conformité malgré l'évidence
- Pression sociale explicite
Implications
Les normes émergent naturellement
En situation d'incertitude, les groupes créent spontanément des normes pour réduire l'ambiguïté.
Les normes persistent
Une fois établies, les normes se maintiennent même en l'absence du groupe.
Distinction Foule vs Masse
FOULE
Visibilité :
- Visible physiquement
- Localisée dans l'espace
Durée :
- Rassemblement ponctuel
- Temporaire
Contact :
- Proximité physique directe
- Contact entre les corps
Nature (Rouquette, 1994) :
Exemples :
- Concert
- Manifestation
- Supporters dans un stade
MASSE
Visibilité :
Durée :
- Perdure dans le temps
- Durable
Contact :
- Pas de contact physique
- Séparation géographique
Nature (Rouquette, 1994) :
Exemples :
- La masse des électeurs
- Les consommateurs Apple
- Les fans dispersés d'une star
Citations clés
Rouquette (1994)
Foule : Un événementMasse : Une matrice d'événements
Explication :
- La foule = événement ponctuel, localisé
- La masse = potentiel qui peut générer de multiples événements (foules)
Relation entre foule et masse
La masse peut devenir foule
Lors d'événements spécifiques, la masse (dispersée) se rassemble physiquement et devient une foule.
Processus :
- Masse : Partage d'idées/valeurs communes (dispersée)
- Événement déclencheur : Concert, manifestation, match
- Foule : Rassemblement physique temporaire
- Retour à la masse : Dispersion après l'événement
Métaphore
La masse = réservoir d'eau (potentiel, énergie latente)
La foule = l'eau qui jaillit (actualisation, manifestation visible)
Principe fondamental
La foule est la forme visible et temporaire de la masse qui reste invisible et durable.
Expérience de Stanford : L'Effet Lucifer (Zimbardo, 1971)
Contexte
Question de recherche : Quelle est la puissance des rôles sociaux sur le comportement ?
Protocole
Participants
18 étudiants volontaires
- Sélectionnés sur tests de personnalité (tous "normaux")
- Répartis aléatoirement : prisonniers ou gardiens
Lieu
Sous-sol de Stanford aménagé en prison
Durée prévue
2 semaines en situation carcérale
Mise en condition réaliste
- Arrestations à domicile (vraie police)
- Formation des gardiens
- Cellules aménagées
- Tenues de prisonnier et de gardien
Résultats
Arrêt au bout de 6 jours
L'expérience devait durer 15 jours mais a été arrêtée au bout de 6 jours.
Observations
Comportement des gardiens :
- Comportement inhumain
- Sévices extrêmes (nettoyer WC à mains nues, etc.)
- Cruauté progressive
Comportement des prisonniers :
- Apathie
- Soumission
- Dépression
- Certains ont dû être libérés avant (troubles psychologiques)
Explications
Facteurs identifiés
1. Obéissance à l'autorité (Milgram)
2. Conformité au groupe (Asch)
3. Contexte situationnel
Les personnalités ne peuvent pas expliquer les résultats (variable contrôlée).
C'est le contexte situationnel qui influence les comportements.
Concept clé : Intériorisation extrême des rôles
Intériorisation extrême des rôles sociaux → Désindividuation
Les participants se sont identifiés à leur rôle au point de :
- Perdre leur individualité
- Agir selon le rôle assigné
- Oublier leurs valeurs personnelles
Citation de Zimbardo
« La capacité infinie de l'esprit humain peut transformer n'importe qui en personne aimable ou cruelle, compatissante ou égoïste, créative ou destructive, et peut faire que certains deviennent des méchants tandis que d'autres sont tout simplement des héros. »
Implications
Éclaire des événements réels
- Scandale d'Abou Ghraib (torture en prison en Irak)
- Émeutes en prison
- Abus de pouvoir policier
- Comportements cruels en institution
Principe fondamental
Le comportement dépend plus du contexte que de la personnalité.
Des personnes "normales" peuvent devenir cruelles en quelques jours simplement en endossant un rôle dans un contexte déshumanisant.
Référence culturelle
Film : "Das Experiment" (L'Expérience) - Oliver Hirschbiegel
Adaptation cinématographique de l'expérience de Stanford.
Effet des Costumes (Johnson & Downing, 1979)
ZONE 1.7 - SOUS-CARTE E
"Effet des Costumes (Johnson & Downing, 1979)"
Contexte
Johnson et Downing répliquent l'expérience de Milgram en ajoutant la variable costumes.
Question : L'anonymat seul suffit-il à expliquer l'agressivité, ou est-ce le rôle social évoqué par le costume ?
Protocole
Réplication de Milgram + Variable costumes
Variable Indépendante (VI)
Type de costume porté :
- Masqué (anonymat simple)
- Costume d'infirmière (rôle de soin)
- Costume militaire (rôle de combat/loyauté)
Variable Dépendante (VD)
Niveau de chocs électriques administrés
Résultats
Comparaison masqué vs non-masqué
Masqué (anonymat) : Niveau de chocs plus élevés que non-masqués
→ Confirme Zimbardo (1969)
Effet du type de costume
Costume d'infirmière (soin) :
- Moins de chocs que les autres conditions
- Le rôle "soignant" réduit l'agressivité
Costume militaire (combat/loyauté) :
- Plus de chocs que les autres conditions
- Le rôle "militaire" augmente l'obéissance et l'agressivité
Conclusions
1. L'anonymat ne suffit pas
L'anonymat seul ne suffit pas à expliquer l'agressivité.
2. Le rôle social évoqué est déterminant
Le rôle social évoqué par le costume oriente le comportement.
3. Activation des normes du rôle
Costume d'infirmière :
- Active des normes de soin, bienveillance
- → Réduit l'agressivité
Costume militaire :
- Active des normes d'obéissance, discipline, combat
- → Augmente l'agressivité
Principe clé
La désindividuation n'est pas neutre.
Elle oriente le comportement vers les normes du rôle évoqué par le contexte.
Nuance importante par rapport à Zimbardo
Zimbardo (1969) :
- Anonymat → désindividuation → agressivité
Johnson & Downing (1979) :
- Anonymat → désindividuation → comportement conforme aux normes du rôle évoqué
- Peut être agressif (militaire) OU prosocial (infirmière)
Implications pratiques
Le contexte et les symboles (uniformes, costumes) ne sont pas neutres :
- Uniformes de police, militaires → peuvent activer comportements autoritaires
- Blouses d'infirmière, médecins → activent comportements de soin
- Importance de la formation pour contrebalancer ces effets automatiques
Rôle, Désindividuation et Anonymat (Zimbardo, 1969)
Rôle, Désindividuation et Anonymat (Zimbardo, 1969)"
Contexte
Zimbardo réplique l'expérience de Milgram (obéissance à l'autorité) en ajoutant la variable anonymat.
Concept : Désindividuation
Définition
Perte de la conscience de soi, du sentiment d'unicité et du sens de l'individualité.
Protocole de Zimbardo (1969)
Réplication de Milgram + Variable anonymat
Variable Indépendante (VI)
Différents niveaux d'anonymat :
- Sujets masqués
- Sujets déguisés
- Sujets avec badge portant leur nom
Variable Dépendante (VD)
Niveau de chocs électriques administrés
Résultats
Condition masqué/anonyme
Niveau de chocs plus élevés que non-masqués
Explication : L'anonymat favorise la désindividuation → comportements plus agressifs
Facteurs de désindividuation identifiés
- Le rôle social
- L'excitation
- L'alcool
- La drogue
- L'anonymat
Principe clé
L'anonymat seul peut suffire à modifier le comportement.
Quand on ne peut pas être identifié :
- Les contrôles personnels s'affaiblissent (culpabilité, honte)
- Les normes sociales sont "mises en veille"
- Les comportements agressifs augmentent
Lien avec Zone 1.5
Désindividuation dans les foules (Festinger, 1952)
L'anonymat en foule crée le même mécanisme :
- Perte d'identité individuelle
- Comportements qu'on n'aurait jamais seuls
- Dilution de la responsabilité
Application moderne
Cyberharcèlement :
- Anonymat (pseudonymes en ligne)
- → Désindividuation
- → Comportements agressifs (insultes, menaces)
- Que les personnes n'oseraient jamais en face-à-face