Created by Tidiane .B
"Le psychisme lie les excitations pulsionnelles pour éviter leur décharge directe" (André Green)
TRAITEMENT ÉCONOMIQUE : La décharge
TRAITEMENT DYNAMIQUE : Le fantasme
Le fantasme : scénario joué par les objets internes figurant l'accomplissement d'un désir
Fonctions :
Plus le Moi est solide, plus on supporte la frustration et on se projette
Problème : Réalité et loi non prises en compte dans le fantasme → tension Moi/Surmoi → peut conduire au refoulement (fantasmes deviennent inconscients mais restent actifs)
L'appareil psychique : métaphore théorique (≠ cerveau = organe réel)
La pulsion (Freud) : "concept limite entre psychique et somatique"
Les 4 composantes interconnectées :
Équation fondamentale :
L'objet interne : représentation mentale personnelle d'un objet extérieur
L'organisation psychosexuelle : de la naissance à l'adolescence
Organisation bi-phasique :
Au début : corps et Moi morcelés
Zone érogène : source de pulsion par la jouissance qu'elle procure
LES STADES AUTO-ÉROTIQUES :
Stade oral (naissance → 2 ans) :
Stade sadique-anal (18-24 mois → 3 ans) :
Stade phallique (2,5/3,5 ans → 5/6 ans) :
Coexistence des stades mais intensité variable selon développement
Tant que le sujet est auto-érotique : chaque zone investie séparément (pulsions partielles)
À l'adolescence : unification accrue du Moi + stade génital = passage de l'auto-érotisme à la relation d'objet
THÉORIES SEXUELLES INFANTILES :
Le travail du pubertaire (Gutton)
Accès à une sexuation qualitative :
À l'adolescence, soutenue par la puberté, la personne passe d'une conception quantitative à une approche qualitative de la sexuation : il s'agit désormais pleinement d'être un homme ou une femme, avec les implications psychiques que cela comporte
LE TRAVAIL DU PUBERTAIRE (Gutton) :
Le "travail pubertaire" décrit par Gutton implique une restructuration du Moi
Chargé de gérer le refoulement, celui-ci se trouve en surcharge face à la résurgence des pulsions → Affaiblit les mécanismes de défense et favorise le retour du refoulé
L'agressivité devient plus manifeste avec le développement corporel et la possibilité réelle de rivaliser avec le parent de même sexe
L'adolescent traverse alors un processus de détachement et réoriente ses investissements libidinaux vers des objets socialement acceptables
IMPLICATIONS PSYCHIQUES DE CETTE RÉSURGENCE :
L'adolescence réactive des conflits œdipiens anciens dans un corps devenu capable Le Moi doit renforcer ses capacités de symbolisation pour transformer cette poussée pulsionnelle en projets, liens et identifications stables
AVANT L'ŒDIPE : LA DYADE ET L'INTRODUCTION DU TIERS
Configuration préœdipienne :
Conséquences du désinvestissement progressif :
Les trois mouvements structurants :
→ Ces mouvements convergent progressivement, permettant unification du Moi et entrée dans logique du complexe d'Œdipe
Ça, Moi, Surmoi : l'appareil psychique en dynamique
LE ÇA - "Partie obscure, inaccessible, remplie d'énergie pulsionnelle" (Freud)
Inné, totalement inconscient, ouvert sur le soma
Réservoir pulsionnel, source du désir, moteur psychique
Principe de plaisir : satisfaction immédiate ("tout, tout de suite")
Aucune prise en compte réalité/normes, intolérance frustration
Exemple : Bébé qui pleure pour être nourri immédiatement
LE MOI - "Partie du Ça modifiée par l'influence du monde extérieur" (Freud)
LE SURMOI - "Héritier du complexe d'Œdipe" (Freud)
2 MODES DE RÉGULATION DES PULSIONS
"Le psychisme a pour fonction de lier les excitations pulsionnelles pour éviter leur décharge directe" - André Green
TRAITEMENT ÉCONOMIQUE (archaïque - Moi fragile)
TRAITEMENT DYNAMIQUE (élaboré - Moi solide)
→ Choix du mode = indicateur solidité du Moi
BUT THÉRAPIE : renforcer Moi, favoriser traitement dynamique, assouplir appareil psychique
L'analyse du transfert comme levier thérapeutique
Conditions d'émergence en thérapie :
Spécificité psychanalytique : Seule approche qui tient compte explicitement et systématiquement du transfert → Thérapeute = support conscient des investissements libidinaux
Principe : Nécessité de conscientiser la blessure pour la traiter (prise de conscience ≠ guérison automatique mais permet de travailler)
Bénéfices :
Formes : Transfert positif (idéalisation, amour) / Transfert négatif (dévalorisation, haine) / Ambivalence (alternance ou coexistence)
Obstacles et résistances :
Principe fondamental : Tout ce qui nous touche dans l'actuel fait écho à quelque chose du passé inconscient
Méthode de l'association libre : connexion temporelle permet de remonter d'élément actuel → élément passé inconscient → guide travail d'élaboration
ATTENTION : Prise de conscience nécessaire mais pas suffisante → étape vers élaboration et transformation
Structure plus complexe : changement d'objet d'amour ET de zone érogène
Configuration préœdipienne : Mère = premier objet d'amour (identique pour les deux sexes) avec rejet du tiers séparateur
Évolution psychosexuelle en deux temps :
Le passage du premier au second temps = véritable arrachement affectifLa mère reste le premier objet d'amour (le père ne la remplace pas mais s'y ajoute)
MÉCANISMES DU DÉTOURNEMENT MATERNEL DANS L'ŒDIPE FÉMININ :
AMBIVALENCE DU DÉSIR DE MEURTRE CHEZ LA FILLE : Relation à la mère marquée par forte ambivalence : simultanément objet de haine (responsable du "manque") et d'amour (premier objet d'attachement) → Cette ambivalence généralement plus intense que chez le garçon, dont l'investissement affectif se déplace plus complètement
Fonction structurante et impacts à long terme
Fonction structurante :
Impact identitaire :
1. L'EMPREINTE DE LA CASTRATION
Le phallus :
Organisation œdipienne :
2. L'ORIENTATION SEXUELLE ET L'IDENTITÉ SEXUELLE
Le complexe d'Œdipe joue un rôle fondamental dans la structuration de l'identité et de l'orientation sexuelle → Ces dimensions psychiques ne sont pas innées mais se construisent à travers les identifications et les relations objectales
Identification : processus psychique fondamental permettant la constitution du Moi, mécanisme central de la construction de l'identité sexuelle
Avec le renoncement à ses désirs œdipiens, l'enfant s'identifie au parent de même sexe Pour le garçon : devenir comme le père permet symboliquement de se rapprocher de la mère en s'appropriant les attributs paternels
L'identité sexuée se développe progressivement :
Processus d'identification sexuée :
L'identification peut prendre différentes formes :
Exemple : Une fille qui renonce au désir d'évincer sa mère s'identifie à elle pour se mettre symboliquement à son niveau Cette identification comporte toutefois des ambivalences : devenir comme la mère tout en maintenant une différenciation
Lors du renoncement au choix d'objet œdipien : La libido désinvestit cet objet primaire pour se réorienter vers d'autres objets socialement acceptables (d'autres personnes dans le futur)
→ Le déroulement de la période œdipienne, avec ses identifications et résolutions de conflits, participe significativement à la structuration de l'orientation sexuelle
3. LA DIFFÉRENCE DES SEXES ET DE GÉNÉRATIONS
Intégration de la différence des sexes (immuable)
Intégration de la différence des générations :
L'intégration de la prise de conscience des générations implique aussi que l'enfant comprend qu'on prend soin de lui Il prend conscience que l'adulte est là pour le protéger et pour veiller sur lui
4. LE SURMOI HÉRITIER DU COMPLEXE D'ŒDIPE
Le Surmoi s'intègre à la vie psychique à la résolution du complexe vers 6-7 ans et vient cristalliser les enjeux de l'Œdipe
Pendant l'Œdipe, l'enfant a voulu quelque chose qu'on lui a refusé
Le Surmoi va venir en opposition du Ça pour interdire les injonctions du Ça (refoulement)
Normalement, lorsque le complexe d'Œdipe s'est bien effectué, le Surmoi devrait rendre le désir coupable
Principe de la résolution œdipienne : si l'on s'autorise quelque chose, c'est pour une raison
Caractéristiques :
"Le thérapeute doit renoncer à toute satisfaction personnelle dans la cure et ne jamais abuser de son pouvoir de suggestion" (Freud)
Le "pouvoir de suggestion" et responsabilité : Freud a identifié le pouvoir de suggestion inhérent à la position du thérapeute → Rend nécessaires des règles éthiques strictes pour protéger le patient
Principes déontologiques fondamentaux :
Neutralité et abstinence :
Point clé : Une psychothérapie ne transforme pas le patient. Objectif = aider le sujet à prendre lui-même ses propres décisions
Respect de l'autonomie :
Exigences pour le thérapeute :
Règles de confidentialité et secret professionnel :
Cadre légal :
Exceptions légales :
But : Créer un espace de parole sécurisé, condition indispensable à l'expression de l'inconscient et au travail thérapeutique approfondi
Le sexuel, l'investissement et la relation thérapeutique
Sexualité en psychanalyse ≠ sens populaire
Principe de plaisir : recherche abaissement tensions par réalisation désir → La relation thérapeutique peut devenir lieu d'investissement libidinal intense
La libido : énergie de la pulsion sexuelle
Mécanisme : Sujet → Investissement libidinal + Désir → Objet En cas de déception → Retrait → Nouvel investissement vers nouvel objet (Même mécanisme pour pulsions agressives → alternances amour/haine)
LE TRANSFERT - "Processus par lequel les désirs inconscients s'actualisent sur certains objets" (Laplanche/Pontalis)
Être mis en lieu et place d'un objet d'investissement libidinal ancien et décevant
Mécanisme :
Facteurs déterminants :
Double niveau : investissement de l'autre réel + investissement de l'objet interne (représentation mentale)
Paradoxe : L'autre aimé pour ce qu'il représente, mis à une place qui ne lui appartient pas → Le transfert permet la relation tout en la complexifiant
"Je sauve mon pénis ou je prends le risque"
Processus de réflexion du garçon dans l'Œdipe :
Dilemme et résolution : "Soit je sauve mon pénis et je renonce à voler Maman à Papa, soit je prends le risque de castration"
→ Renoncement aux désirs œdipiens pour conserver l'intégrité corporelle
Autres facteurs de renoncement :
Rôle du père : porteur de la menace de castration
Choix : réalisation du désir VS conservation du pénis
Renoncement → refoulement des désirs œdipiens → Fin du stade phallique, entrée dans la période de latence
"On n'a jamais peur pour rien"
Le meilleur moyen d'apaiser la souffrance psychique est d'y mettre du sens
La psychopathologie vise à comprendre les mécanismes psychiques sous-jacents à un trouble ou comportement → Positionnement interprétatif : ne cherche pas la vérité objective mais une interprétation qui fait sens pour la personne en souffrance
Le psychisme est subjectif : la réalité du psychisme est propre à chaque individu
DÉFINITION DE L'ANGOISSE
Freud définit deux formes d'angoisse :
L'angoisse réelle :
L'angoisse névrotique :
MÉCANISME DE L'ANGOISSE NÉVROTIQUE :
La tension pulsionnelle est constante Pour obtenir satisfaction et réduire cette tension, il est nécessaire d'investir sa libido sur un objet
Problème : une part de libido peut rester non investie sur un objet → Libido reste libre, sans issue (stase li bidinale)
L'angoisse névrotique fonctionne alors comme un signal d'alarme face à la menace de débordement du Moi par cette libido laissée libre
Le Moi recherche des solutions "L'angoisse signifie une fuite du Moi devant la libido" (Freud)
La stase libidinale : accumulation de cette libido qui ne parvient pas à s'investir sur un objet
Pour éviter le débordement du Moi, l'angoisse agit comme un signal d'alarme qui prévient le Moi de trouver une solution
Cette solution peut être :
Le rôle du psychologue clinicien est de déterminer les mécanismes du Moi utilisés pour faire face à cette angoisse
Deux formes principales d'angoisses névrotiques
L'ANGOISSE D'ATTENTE :
En imaginant des scénarios catastrophes et en créant ces fantasmes anxiogènes, le sujet parvient paradoxalement à diminuer la tension psychique
Le principe du symptôme est toujours de trouver la solution la moins désagréable face à un conflit psychique
LA CRISE D'ANGOISSE :
Le corps permet la décharge lorsque le psychisme est incapable de traiter la tension L'objectif fondamental reste de trouver une issue à la pulsion par la voie somatique
DEUX APPROCHES THÉRAPEUTIQUES :
Pour une prise en charge efficace :
Quelle que soit la méthode utilisée, il est essentiel de rassurer la personne : Lui montrer la normalité de sa situation, en soulignant que sa décharge est humaine et que son angoisse, bien que désagréable, n'est pas dangereuse en soi
De la théorie du traumatisme à la fixation phallique
1ÈRE THÉORIE : TRAUMATISME SEXUEL DANS L'ENFANCE
2ÈME THÉORIE (1896) : SCÈNE DE SÉDUCTION FANTASMÉE
Dans l'inconscient, un souvenir traumatique (réel ou fantasmé) peut être réactivé par un événement qui y fait écho
Ce souvenir, en tentant de revenir à la conscience, menace le Moi qui doit alors renforcer ses défenses Cette nouvelle solution défensive devient le symptôme névrotique
Selon Freud, la névrose trouve ainsi ses racines dans l'enfance mais ne se manifeste pleinement qu'à l'âge adulte
Initialement, Freud considérait que le fantasme seul était à l'origine de la névrose, sans nécessité d'un événement réel traumatique Pour lui, la réalité psychique (ce que ressent et croit le sujet) peut avoir un impact aussi puissant que la réalité objective
EN CAS DE DÉCOMPENSATION HYSTÉRIQUE : On va avoir tendance à avoir des symptômes qui passent par le corps et viennent dire quelque chose de l'inconscient de la personne
La réaction de l'autre fait que le mal être de l'autre va lui apporter des bénéfices secondaires : La souffrance initiale va amener à ce que quelqu'un s'occupe de moi, ce qui va amener un bénéfice secondaire Certains vont pouvoir s'accrocher à leur symptôme et ralentir la guérison
CONFLIT FONDAMENTAL CHEZ L'HYSTÉRIQUE : Opposition entre un désir sexuel infantile refoulé et l'interdit de ce désir imposé par le Surmoi Face à ce conflit, le Moi ne trouve pas de solution permettant de satisfaire le Ça sans provoquer la réprobation du Surmoi
FIXATION AU STADE PHALLIQUE :
Cette dynamique génère une souffrance psychique caractéristique La personne cherche constamment l'affection d'autrui pour compenser son sentiment d'avoir manqué d'attention suffisante durant l'enfance
L'INSATISFACTION STRUCTURELLE : L'hystérique est fondamentalement insatisfait(e) On retrouve souvent dans son histoire une relation particulière avec la figure paternelle
Si l'on considère le lien de l'hystérique avec son objet d'amour infantile, on constate que par définition, son désir doit rester insatisfait pour maintenir la structure
Le travail thérapeutique consiste à modifier la relation avec cet objet infantile (détacher ce désir œdipien)
Paradoxalement, si le désir était pleinement satisfait, cela romprait le lien avec son premier objet d'amour, ce qui est précisément ce que redoute l'hystérique
Les conversions sont des troubles somatiques sans cause organique qui sont réversibles, notamment sous hypnose.
Cette forme classique n'existe plus vraiment aujourd'hui mais peut se retrouver de façon atténuée. Elle comportait cinq phases :
Prodromes : douleurs ovariennes, palpitations, boule dans la gorge, troubles visuels, perte de connaissance sans chute brutale ni morsure de la langue, ni perte d'urine.
Période épileptoïde : phase tonique avec arrêt respiratoire et tétanie, phase clonique avec petites secousses puis mouvements désordonnés, phase résolutive avec chute des paupières et émission de salive.
Période de contorsion (clownesque) : grands mouvements, contorsions désordonnées, attitudes bizarres.
Période de transe : à caractère érotique, extatique ou violent.
Période terminale : retour à la conscience avec souvent des pleurs et quelquefois le sommeil.
Tremblements et mouvements incontrôlés.
Hoquets, toux spasmodiques, sensation de boule dans la gorge.
Troubles de la vigilance : somnolence, bâillements répétitifs et exceptionnellement des pseudo-comas hystériques pouvant durer de quelques heures à quelques jours.
Paralysie vis-à-vis de laquelle le sujet hystérique manifeste une "belle indifférence". Cela signifie que la personne ne s'en plaint pas malgré les désagréments importants dans son quotidien.
Contractures des muscles ou des cordes vocales pouvant provoquer une aphonie, un mutisme ou un bégaiement.
Asthénie ou faiblesse musculaire.
Spasmes.
Anesthésie ou hypoesthésie (réduction de la sensation) qui ne respectent pas la disposition neurologique. Elles apparaissent en "gant" ou en "chaussette", ce qui n'a aucun sens du point de vue neurologique.
Hyperesthésies ou douleurs diverses diffuses ou localisées.
Troubles des sens ou de l'équilibre.
Troubles sexuels comme les troubles de l'érection ou la frigidité.
Spasmes.
Symptômes neurovégétatifs : cardio-respiratoires, gastro-intestinaux, urinaires, gynécologiques.
Troubles trophiques (stigmates).
Il ne faut jamais conclure à un trouble hystérique avant d'avoir effectué une exploration physiologique pour rechercher une cause organique au trouble. Ce n'est que lorsque la médecine somatique n'a rien trouvé qu'on peut envisager l'hypothèse d'un trouble hystérique. Il faut rester vigilant chaque fois qu'un nouveau trouble somatique apparaît car une personne hystérique n'est pas à l'abri d'un trouble somatique réel.
Ces symptômes sont toujours transitoires et d'apparition soudaine.
L'amnésie psychogène est sans substrat organique car l'origine est psychique.
Amnésie lacunaire : incapacité à se souvenir d'une période précise.
Amnésie sélective : oubli d'un élément précis uniquement.
Amnésie généralisée : oubli de toute l'existence.
Amnésie continue : oubli de tout ce qui s'est passé entre une date précise et le présent.
Somnambulisme.
Fugue psychogène : départ soudain du foyer avec impossibilité de se souvenir du passé et parfois adoption d'une nouvelle identité.
Dépersonnalisation : sentiment de ne plus se reconnaître soi-même.
Personnalité multiple (rare).
États crépusculaires : obnubilation et sentiment d'étrangeté avec méconnaissance de l'environnement et de la situation, défaut de l'appréhension de la réalité. Cet état est souvent accompagné par la dépersonnalisation.
États seconds.
La personnalité hystérique s'inscrit dans un continuum entre le normal et le pathologique. C'est un terrain structural qui peut prendre la forme d'une névrose hystérique en cas de décompensation. Tous ces traits ne se retrouvent pas chez tous les sujets hystériques.
Histrionisme : recherche constante de l'attention d'autrui, désir de "paraître", outrance du discours, dramatisation, théâtralisme.
Hyperréactivité émotionnelle : hyperémotivité, labilité émotionnelle (les émotions changent rapidement), versatilité.
Facticité des affects : dramatisation dans l'expression des affects, les émotions semblent exagérées ou artificielles.
Égocentrisme marqué.
Suggestibilité importante.
Mythomanie : falsification de la réalité, invention d'histoires.
Mode de pensée imaginaire : le réel est perçu mais est infiltré par les fantaisies du sujet. La personne mélange réalité et imaginaire.
Dépendance affective très forte.
Troubles sexuels fréquents.
Un délire peut comporter plusieurs thèmes mais il y en a généralement un qui domine sur les autres.
Les pensées ou les actes du sujet sont dictés par une force extérieure, identifiée ou non, qui influence le sujet et le fait agir. Par exemple : "Les extraterrestres contrôlent mes pensées".
Le sujet se sent persécuté. C'est le thème le plus fréquent. Le persécuteur peut être une personne ciblée ou non. Par exemple : "Mes voisins veulent m'empoisonner".
Le sujet se croit investi d'une mission importante ou d'un pouvoir exceptionnel. Par exemple : "Je suis le messie" ou "Je vais sauver le monde".
Conviction délirante que le partenaire est infidèle sans aucune preuve réelle.
Tout ce qui se passe autour du sujet est interprété comme un événement dirigé contre lui ou qui le concerne spécialement. Par exemple : "Si la présentatrice du journal a mis une veste rouge, c'est un message pour moi".
Conviction délirante d'être atteint d'une maladie grave malgré tous les examens médicaux négatifs.
Une partie de soi, du monde ou des autres n'existe plus. Par exemple : "Je n'ai plus de cœur" ou "Le monde n'existe plus".
Conviction d'avoir une mission divine ou d'être en contact direct avec Dieu ou le diable.
Conviction qu'une personne bien identifiée, souvent de statut social supérieur, aime le sujet en secret. Cette personne envoie des signes d'amour que le sujet interprète.
Les mécanismes décrivent les moyens par lesquels le délire se construit.
L'idée délirante est admise comme telle sans recherche de vérification ni de logique. "Je le sais, c'est comme ça". Elle s'impose brutalement au sujet qui est aussitôt convaincu par son idée.
Le sujet construit, invente des situations et des événements qui vont s'enrichir au gré des évocations. Par exemple : "Je suis le Prince de la Terre et du Ciel, je commande aux rayons du Soleil..."
Le délire a pour point de départ une perception réelle mais qui est transformée. Le sujet croit par exemple entendre une musique connue dans les bruits de la ville.
C'est une explication fausse d'un élément de la réalité. Elle suppose un raisonnement logique. Le sujet part d'un élément réel mais en tire une conclusion délirante. Par exemple : "Le facteur a sonné trois fois, c'est un code pour me dire que je suis surveillé".
C'est une perception sans objet à percevoir. Le sujet voit, entend ou sent quelque chose qui n'existe pas.
Quand le degré de systématisation est important, le délire a un développement cohérent et ordonné comme un système philosophique, religieux ou idéologique. Il suit une logique interne. Un délire systématisé peut être crédible et d'autres personnes peuvent y adhérer. C'est typique de la paranoïa.
Quand le délire est peu systématisé, on dit qu'il est polymorphe. Il y a une multiplicité des thèmes et des mécanismes. Le délire part dans tous les sens sans cohérence d'ensemble. Seul le sujet est convaincu de ce qu'il croit. C'est typique de la schizophrénie.
Le délire est circonscrit à un seul pan de la vie du sujet. Par exemple, la personne délire uniquement sur sa vie professionnelle mais le reste de sa vie semble normal.
Le délire s'étend à toute la vie psychique du sujet. Tout est envahi par le délire.
Il s'agit à la fois du degré d'adhésion du sujet à son délire et de l'adéquation ou non des émotions associées aux idées véhiculées par le sujet.
Émotions concordantes : le sujet qui dit être persécuté a l'air réellement angoissé.
Émotions discordantes : le sujet qui dit être persécuté sourit ou semble indifférent.
Le percept inexistant est placé à l'extérieur du sujet. Le sujet voit, entend ou sent quelque chose d'extérieur à lui-même qui n'existe pas.
Elles peuvent être auditives (entendre des voix ou des bruits venant de l'extérieur), visuelles (voir des personnes ou des objets qui n'existent pas), olfactives (sentir des odeurs), gustatives (sentir des goûts) ou cénesthésiques (sensations corporelles étranges).
Attention : ces hallucinations peuvent aussi être provoquées par d'autres causes que la psychose comme une tumeur cérébrale ou des produits hallucinogènes.
Le sujet entend des voix dans sa tête. Le percept inexistant est vécu comme intérieur au sujet mais ne lui appartenant pas. Ces hallucinations sont caractéristiques des psychoses.
L'automatisme mental est une forme d'hallucination particulièrement caractéristique de la psychose. Il relève des hallucinations psychiques.
C'est une automatisation et une mécanisation d'une partie de l'activité psychique. Le sujet perd le contrôle sur une partie de ses pensées qui s'imposent à son esprit en opposition à sa volonté.
Les signes sont : des phénomènes automatiques de "dévidage de la pensée" (les pensées se déroulent toutes seules), d'écho de la pensée, de lecture des pensées, d'écho des intentions, de vol de la pensée, et de commentaires des actes. Une voix intérieure commente ce que le sujet fait : "Maintenant il va se lever, maintenant il marche..."
Automatisme idéo-verbal : apparition de voix qui sont éprouvées comme des voix intérieures ou des transmissions de pensée. Les voix commentent la pensée ou les actes, elles produisent un écho de la pensée ou de ce que lit le sujet. Cette forme s'accompagne généralement d'une sensation de vol ou de devinement de la pensée, de phénomènes d'intrusion ou de dévidage d'idées. Les pensées sont vécues comme se déroulant hors du contrôle du sujet. Certains mots sont imposés et répétés de manière incontrôlable. Le sujet peut avoir une sensation d'étrangeté de ses pensées, d'idéations imposées ou de télépathie.
Automatisme sensoriel ou sensitif : hallucinations visuelles, gustatives, olfactives, cénesthésiques.
Automatisme kinesthésique : sensation de mouvements imposés au corps.
Du conflit psychique au symptôme névrotique
NIVEAU ÉCONOMIQUE : Au départ la pulsion est somatique, se régule par le corps, au niveau économique, par la décharge Tension ⇒ Décharge
NIVEAU DYNAMIQUE : Dans l'évolution développementale, nous commençons à traiter la pulsionnalité sur la scène psychique par la transformation de l'excitation en quelque chose qui a du sens : "une représentation"
Deux éléments qui constituent la pulsion : L'affect rattaché à la représentation → Investir un objet, obtenir satisfaction, dans le réel ou au niveau symbolique, avec cet objet
Dans le préconscient-conscient, affect et représentation sont toujours attachés, contrairement à l'inconscient
LE REFOULEMENT VA SÉPARER L'AFFECT DE LA REPRÉSENTATION
Que devient cet affect détaché de cette représentation ?
Affect + représentation = constituants de la pulsion Refoulement scinde les deux constituants de la pulsion
Destins de l'affect laissé libre (reste seul, sans représentation) :
L'objet phobique n'est pas pris au hasard : il y a un lien entre la représentation refoulée et l'objet phobique
Ce que je voulais éviter, je l'éviterai autrement mais je serai tout le temps dans un processus d'évitement Il vient dire quelque chose de l'inconscient car il a un sens, un rapport avec l'objet de départ
LE SYNDROME NÉVROTIQUE : Quelque chose qui me gêne mais qui est moins pire que ce que j'essaie d'éviter Le symptôme est un compromis plus acceptable, faute de mieux, même si cela engendre une gêne au quotidien Solution de circonstances qui fait quand même souffrir
Il fonctionne avec :
Symptôme : compromis plus acceptable que le conflit psychique inconscient insupportable Mécanismes : déplacement et condensation
Angoisse → Nouvelles défenses → Symptôme
LE RETOUR DU REFOULÉ PRODUIT LA NÉVROSE
Les éléments refoulés tendent à faire retour (rêves, actes manqués) Mobilisation de l'énergie psychique ++ pour lutter contre le retour du refoulé
Dans certaines périodes où le Moi est fragilisé, il peut éprouver des difficultés à maintenir ce refoulé
Ce retour du refoulé devient menaçant, générant de l'angoisse Face à cette angoisse, le Moi doit réagir Il met alors en place de nouvelles défenses plus durables contre ce refoulé, lesquelles sont à l'origine du symptôme
Le conflit inconscient persiste car le désir interdit cherche satisfaction
Le symptôme névrotique offre ainsi une satisfaction au désir en contournant le Surmoi, créant un effet de "bypass"
Dans toutes les névroses, l'origine se trouve dans un élément non résolu du complexe d'Œdipe qui cherche une voie d'expression
Compréhension psychanalytique : exemple de la phobie
LES DIFFÉRENTES FORMES DE PHOBIE
La phobie réactionnelle :
La phobie névrotique (hystérie d'angoisse) :
L'objet phobique en lui-même n'a pas d'intérêt pour le psychologue clinicien Ce qui l'intéresse, c'est la représentation symbolique que cet objet a pour la personne
Chaque personne développe un objet phobique qui ne peut être interprété que par rapport à son histoire singulière L'objet n'est jamais choisi au hasard et représente toujours quelque chose de déguisé dans l'inconscient
Freud souligne que la phobie est intergénérationnelle et peut toucher tant l'enfant que l'adulte, mais la phobie névrotique dans sa forme élaborée est principalement observée chez l'adulte
Les objets phobiques peuvent être divers : un serpent (réaction excessive même si l'objet présente un danger réel) ou une souris (objet ne présentant objectivement aucun danger)
APPROCHE CLINIQUE DU SYMPTÔME PHOBIQUE
Le symptôme représente une tentative de résolution de la souffrance occasionnée par un conflit psychique perçu comme insoluble par le sujet
La psychanalyse ne s'intéresse jamais directement au symptôme dans sa forme manifeste, mais cherche toujours l'origine inconsciente du symptôme
Quand on se concentre uniquement sur l'éradication du symptôme, celui-ci pourrait éventuellement se déplacer Exemple : dans le cas d'une addiction au cannabis, l'éradication du cannabis peut amener l'individu à déplacer ce symptôme sur l'alcool par exemple
Pour comprendre la question du symptôme il faut s'intéresser au refoulement : "Le Moi, grâce à ses mécanismes de défense, va refouler l'élément problématique (ce qui est dérangeant) vers l'inconscient"
"Psychonévrose de transfert : origine œdipienne
La psychanalyse s'est basée sur l'étude de la névrose hystérique
Tentative dramatiquement échouée de résolution d'un conflit Issue d'un conflit psychique interne inconscient propre à l'individu Le but de la psychothérapie est de mettre du sens à ce conflit
Une pathologie renvoie à quelque chose qui a coincé à un moment donné du développement
Freud définit trois psychonévroses de transfert :
UNE ORIGINE DANS LE COMPLEXE D'ŒDIPE
Enjeux de l'Œdipe :
Quand les enjeux œdipiens ne sont pas suffisamment résolus → névrose infantile
ATTENTION : À ne pas confondre avec la névrose de l'enfant qui se manifeste dans l'enfance
Toute névrose trouve son origine dans un défaut de résolution des enjeux œdipiens
LE REFOULEMENT : SOLUTION DU CONFLIT ŒDIPIEN
Le refoulement évacue le conflit œdipien du préconscient/conscient Ne règle pas le conflit Résolution du conflit à l'adolescence
Névrosé : difficulté du sujet à supporter ses désirs
Névrose : recherche de satisfaction du désir tout en évitant la culpabilité
Le névrosé se trouve face à un conflit fondamental entre ses désirs (Ça) et les interdits intériorisés (Surmoi) Ce conflit s'organise autour de la réalité externe, porteuse des interdits parentaux qui seront progressivement internalisés
Pour gérer ce conflit, le mécanisme du refoulement intervient comme tentative d'évacuation Cependant, ce refoulement ne fait que déplacer le problème vers l'inconscient sans le résoudre, comparable à "mettre la poussière sous le tapis"
Bien qu'écarté de la conscience, le conflit continue d'agir et se manifeste indirectement à travers les choix de vie, les investissements affectifs, les fantasmes et les rêves
À l'adolescence, ce conflit refait surface et une nouvelle tentative de résolution devient possible grâce à la maturation et au renforcement du Moi
L'enjeu central de la traversée œdipienne consiste à apprendre à vivre avec sa propre pulsionnalité "La pulsionnalité fait partie de nous, avec des désirs sexuels et agressifs, mais il faut savoir vivre avec pour pouvoir vivre en société"
Le névrosé se caractérise ainsi par sa difficulté à accepter ses propres désirs, maintenant une lutte constante contre sa pulsionnalité
Origine précoce, échec d'unification du Moi et mécanismes de défense
On cherche l'origine de la psychose dans la petite enfance, dans les premiers mois/années de vie
ORIGINE DE LA PSYCHOSE
Origine précoce (premiers mois de vie) :
ÉCHEC D'UNIFICATION DU MOI :
TROUBLES DE L'IDENTITÉ
Incapacité de séparation/individuation :
Relation fusionnelle : "il faut qu'il y ait du Moi pour différencier l'autre"
Pas d'accès à l'Œdipe :
**Question permanente :** "Qui suis-je ?"
MÉCANISMES DE DÉFENSE VISANT À LIMITER LES ÉCHANGES AVEC L'EXTÉRIEUR
Le psychotique se protège en créant une distance entre soi et la réalité Mécanismes principaux : forclusion et projection But : éviter d'être submergé par la réalité externe, trop menaçante
EXTRÊME FRAGILITÉ DE LA STRUCTURE
La structure psychotique est comme une construction fragile, instable
Un élément perturbateur peut provoquer une décompensation (entrée dans le délire manifeste) :
ENTRÉE DANS LA PSYCHOSE EN DEUX TEMPS
1. Désinvestissement libidinal de la réalité (rupture) :
2. Reconstruction d'une nouvelle réalité (réinvestissement libidinal) :
LE CONFLIT MOI/RÉALITÉ EXTÉRIEURE
Annulation d'une partie de la réalité vécue comme insupportable :
Création d'un "trou" dans la réalité :
Le délire vient combler cette béance
Le délire est une tentative (échouée) de guérison :
Le délire contient un morceau de "vérité historique" (Freud) :
LA FORCLUSION (LE REJET)
Concept lacanien central dans la psychose
Quelque chose de symbolique n'a pas pu advenir :
Rejet sur l'extérieur :
≠ REFOULEMENT (mécanisme névrotique) :
≠ DÉNI (mécanisme pervers/limite) :
PROCESSUS D'ANTI-SYMBOLISATION (Bion)
Le psychotique attaque le processus même de symbolisation Il ne peut pas transformer ses expériences en pensées, en symboles Les expériences restent brutes, non métabolisées
PROJECTION
Mécanisme de défense massif dans la psychose Attribuer à quelqu'un d'autre quelque chose d'insupportable pour soi
Exemple : Au lieu de ressentir ma propre hostilité (insupportable), je perçois l'autre comme hostile envers moi
Dans la psychose, la projection est massive et n'est pas reconnue comme telle
Une obsession est une idée, un sentiment ou une image dérangeante qui s'impose au sujet de façon incoercible (impossible à arrêter ou contrôler).
Le sujet est envahi par une idée, un mot, une représentation qui s'impose à lui de manière répétitive. Par exemple, un mot qui tourne en boucle dans la tête sans pouvoir l'arrêter.
Le sujet est envahi par la pensée d'un objet ou d'une situation qu'il craint. La différence avec la phobie simple c'est que dans la phobie, l'angoisse apparaît en présence de l'objet phobique. Dans l'obsession phobique, l'angoisse surgit juste à l'évocation mentale de l'objet phobique, même s'il n'est pas présent.
Le sujet est envahi par la peur de poser un acte criminel, absurde ou sacrilège. Par exemple, la peur de jeter son bébé par la fenêtre ou de se jeter sous un train. Ce n'est pas une envie mais une peur obsédante de le faire.
Les rituels sont une suite fixe d'actes que le sujet considère comme absurdes ou excessifs mais qu'il se sent contraint de réaliser. Ces actes peuvent être mentaux comme réciter une série de noms ou réaliser des opérations mentales de plus en plus complexes. Ils peuvent aussi être comportementaux.
Les vérifications sont des actions compulsives qui ont pour but de conjurer les obsessions afin de calmer l'angoisse générée par celles-ci. Le problème c'est que les vérifications elles-mêmes deviennent génératrices d'angoisse.
Le sujet reconnaît parfaitement l'inefficacité de ces vérifications pour calmer les obsessions mais cela ne les fait pas disparaître pour autant. Ces vérifications peuvent devenir très envahissantes notamment pour les proches.
Le doute est probablement l'élément le plus prépondérant de la névrose obsessionnelle. Le sujet n'est jamais sûr de rien : ni de ce qu'il pense, ni de ce qu'il fait ou a fait. Il remet toujours tout en question. Lorsqu'il prend une décision, celle-ci n'est jamais définitive. Il va y revenir encore et encore.
La psychasthénie correspond à une forme de dépression permanente, caractérisée par l'abaissement de la tension psychique.
Le perfectionnisme : tout doit être parfait, ce qui rend les tâches interminables.
La lenteur : due au perfectionnisme et au doute permanent.
La méticulosité : attention excessive aux détails.
Le sérieux : difficulté à être léger ou spontané.
Une attitude moraliste : jugement moral constant sur soi et les autres.
Les ruminations mentales : pensées qui tournent en boucle sans aboutir.
Une introspection douloureuse : analyse permanente de soi qui fait souffrir.
Le pessimisme : vision négative de l'avenir.
La scrupulosité : conscience morale excessive.
Le manque de spontanéité : tout doit être réfléchi et contrôlé.
Une sensation de fatigue permanente : épuisement psychique constant.
Le caractère compulsif fait référence à la fixation anale de la personnalité obsessionnelle. Il se reconnaît à trois traits caractéristiques qui deviennent pathologiques quand ils sont poussés à l'extrême :
Le souci excessif de l'ordre : tout doit être rangé, aligné, organisé de façon rigide.
L'économie extrême et contraignante (radinisme) : difficulté excessive à dépenser de l'argent.
L'entêtement et la rigidité : impossibilité de changer d'avis ou de s'adapter.
La restriction dans l'expression des sentiments : difficulté à montrer ses émotions.
Une préoccupation constante concernant soi-même.
La préférence accordée à la contrainte (travail) sur la liberté (loisirs) : le travail est valorisé, le plaisir culpabilisant.
Une distance avec les autres : difficulté à créer des liens spontanés.
L'auto-reproche et le rôle prépondérant de la conscience morale : culpabilité permanente.
L'héroïsme dérisoire : effort surhumain pour faire des choses simples comme parler à quelqu'un.
L'attachement aux petits détails au détriment de la vue d'ensemble : se perdre dans les détails et perdre le sens global.
Une lutte contre la sexualité vécue comme sale ou coupable mais qui fascine en même temps.
La procrastination : remettre toujours au lendemain par peur de ne pas faire parfaitement.
Perte de contact avec la réalité et troubles de l'identité
CRITÈRES DE REPÉRAGE DES PSYCHOSES
Deux critères font consensus dans le repérage des psychoses :
1. PERTE DE CONTACT AVEC LA RÉALITÉ
Délire : croyances fausses, inébranlables, non partagées par la culture
Hallucinations : perceptions sans objet réel (entendre des voix, voir des choses qui n'existent pas)
Interprétations délirantes : donner un sens délirant à des événements réels
2. TROUBLES DE L'IDENTITÉ
Corporelle :
De genre :
Du patronyme :
AUTRES CARACTÉRISTIQUES
Méconnaissance du trouble (anosognosie) :
Gravité des troubles :
Massivité de l'angoisse :
CLASSIFICATION DES PSYCHOSES
Schizophrénies : Groupe de troubles caractérisés par la dissociation (éclatement de la pensée, de l'affect, du comportement)
Délires chroniques (délires qui durent) :
Psychoses thymiques (troubles de l'humeur psychotiques) :
Fixation anale, pensée magique et régression
COMPRÉHENSION PSYCHOPATHOLOGIQUE
La névrose obsessionnelle s'organise autour d'une problématique œdipienne avec fixation anale caractérisée par une régression au stade sadique-anal
FIXATION ANALE :
Maîtrise et rétention : plaisir à amasser et contrôler
PENSÉE MAGIQUE : régression de l'acte à la pensée
Compulsions : tentatives d'apaisement de l'angoisse générée
MÉCANISME DU REFOULEMENT : Ce qui est refoulé est généralement une scène désagréable de l'enfance liée à la sexualité infantile
Le Moi déplace cet affect désagréable vers une autre représentation actuelle sans lien avec la sexualité
Cette nouvelle représentation devient insupportable et envahissante, servant à éviter la confrontation avec la représentation passée
DÉTERMINATION DU SYMPTÔME : Le choix spécifique du symptôme est déterminé par la structure psychique de l'individu
Exemple : la paranoïa renvoie aussi à une fixation au stade anal, mais avec une structure psychotique, tandis que la névrose obsessionnelle conserve une structure œdipienne
DYNAMIQUE DU DÉSIR : Dans la configuration obsessionnelle, le sujet s'interdit tout désir pour éviter la culpabilité, s'empêchant ainsi d'accéder au plaisir
L'affect sexuel infantile déplaisant est détaché de sa représentation initiale puis rattaché à une autre représentation
FONCTION DU SYMPTÔME : Le symptôme constitue paradoxalement une façon masquée de réaliser un désir impossible
Cette configuration psychique explique la difficulté majeure de la prise en charge thérapeutique, notamment en raison de la rigidité défensive
MÉCANISME DE DÉFENSE : LA RATIONALISATION J'ai un comportement que je ne comprends pas : je prends conscience que quelque chose ne va pas mais la raison de ce comportement est inconsciente
Pour trouver ce sens, il faut que je me confronte à quelque chose auquel je ne peux pas faire face, et donc je me base sur une logique rationnelle qui n'explique en rien ce qui se joue dans l'inconscient, lequel n'a pas de logique
L'ÉGOCENTRISME : La personne névrosée devient le centre de son système et le centre de la famille
EXEMPLE : Un patient ayant un désir agressif refoulé envers son père peut développer des pensées obsédantes de meurtre
Ces pensées permettent inconsciemment la satisfaction du désir tout en maintenant une position non coupable ("je ne désire pas ces pensées qui m'envahissent")
Revendication, jalousie, érotomanie
LES PSYCHOSES PASSIONNELLES
Définies par Gaëtan Gatian de Clérambault (psychiatre français, début XXe)
CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES
Le délire repose sur une émotion prolongée, exacerbée Cette émotion est causée par quelque chose qui n'existe pas dans le réel
Exaltation de l'affect : l'émotion est portée à son paroxysme
Idée prévalente : une seule idée obsédante domine toute la vie psychique
DÉLIRE EN SECTEUR
Ne porte que sur un élément précis de la vie Pas de perte de contact avec le reste de la réalité
Exemple : délire de jalousie concernant uniquement le conjoint, mais fonctionnement normal au travail
C'est ce qui rend ces patients dangereux : ils paraissent normaux ailleurs
TROIS FORMES PRINCIPALES
1. DÉLIRE DE REVENDICATION
Certitude d'avoir subi un préjudice (injustice, spoliation, erreur judiciaire) Désir de réparation obsessionnel Lutte incessante pour faire reconnaître son bon droit Procédures judiciaires à répétition
Exemple : le "plaideur quérulent" qui multiplie les recours
2. DÉLIRE DE JALOUSIE
Intensité +++ : jalousie dévorante, omniprésente
Pas de cause réelle : le conjoint est fidèle
Interprétations délirantes : tout "prouve" l'infidélité
Comportements : filatures, fouilles, interrogatoires
Très dangereux : risque de passage à l'acte (crime passionnel)
3. ÉROTOMANIE (syndrome de De Clérambault)
Conviction délirante d'être aimé par une personne (souvent de statut supérieur)
La personne aimée est typiquement : célébrité, médecin, professeur, personnalité publique
Trois phases classiques :
Phase d'espoir :
Phase de dépit :
Phase de rancune :
RISQUE DE PASSAGE À L'ACTE HÉTÉRO-AGRESSIF +++
"Hétéro-agressif" = violence dirigée vers autrui (≠ auto-agressif = suicide)
Ces patients sont potentiellement dangereux
Ils peuvent :
INCARCÉRATION PLUS FRÉQUENTE QUE L'HOSPITALISATION
Souvent, ces patients commettent un acte violent avant d'être diagnostiqués Ils se retrouvent en prison plutôt qu'à l'hôpital psychiatrique Problème médico-légal important
La dissociation désigne la perte de l'unité de la personne dans l'ordre de la pensée, de l'affectivité, de la communication et du comportement.
Bizarreries : paradoxes, illogismes, étrangetés. Par exemple un fou rire dans un contexte qui ne s'y prête absolument pas comme un enterrement.
Hermétisme : discours totalement hermétique, incompréhensible pour l'interlocuteur.
Détachement de la réalité : le sujet ne semble plus ancré dans la réalité partagée.
Ambivalence : affirmation de deux choses contradictoires en même temps sans que cela pose problème au sujet.
La dissociation engendre une discordance de la pensée qui peut se manifester de multiples façons.
Baisse de l'attention et de la concentration.Troubles du débit des idées : stagnation (la pensée s'arrête), pensée floue, répétitions stéréotypées, coq à l'âne (passage brutal d'un sujet à un autre sans lien).
Barrages : arrêt net du discours puis reprise après un temps de latence, sur le même thème ou un autre, comme si de rien n'était.
Les troubles du langage peuvent aller jusqu'à un langage complètement incompréhensible. Plus fréquemment on observe un mutisme ou semi-mutisme, des réponses à côté de la question, des altérations syntaxiques ou sémantiques, des néologismes (invention de mots), une tendance à l'abstraction excessive, ou un rationalisme morbide (activité pseudo-logique dans laquelle la pensée se perd dans des raisonnements d'allure philosophique ou scientifique complètement détachés du réel).
Altération des concepts : les concepts ne sont plus utilisés de façon cohérente.Pensée magique : croyance que la pensée peut influencer la réalité.Pensée déréelle : pensée complètement détachée de la réalité.Abstraction systématique : tout est transformé en concepts abstraits sans lien avec le concret.Coexistence des contraires : deux idées contradictoires coexistent sans générer de conflit.Paralogismes : faux raisonnements faits de bonne foi. Le sujet pense raisonner logiquement mais sa logique est altérée.
La discordance au niveau affectif se manifeste par de l'indifférence, du détachement, de la froideur affective ou au contraire un comportement "adhésif" (trop collant, envahissant).Le plus souvent, il n'y a pas de concordance entre les affects et la situation. Par exemple, le sujet sourit en racontant un événement tragique ou reste indifférent face à une bonne nouvelle.
La discordance corporelle s'exprime par l'indécision motrice, les mouvements parasites ou automatiques, le maniérisme (gestes affectés, théâtraux), des mimiques inappropriées, des stéréotypies comme les balancements, l'écholalie (répéter ce que dit l'autre), l'échopraxie (imiter les gestes de l'autre), l'échomimie (imiter les mimiques de l'autre).On peut aussi observer de l'apragmatisme (incapacité à agir de façon finalisée) ou au contraire des crises d'agressivité ou de colère, des gestes auto ou hétéroagressifs (envers soi-même ou les autres).
Le délire paranoïde du schizophrène n'a rien à voir avec le délire paranoïaque de la paranoïa.Il est polymorphe avec plusieurs thèmes qui changent. Il n'est pas systématisé, ça part dans tous les sens sans cohérence d'ensemble. Il est sujet à changements. Il est généralement non congruent à l'humeur : soit le sujet n'exprime aucun affect, soit il exprime un affect discordant par rapport au discours.Le délire schizophrénique ne présente pas de cohérence d'ensemble. Il est autistique, c'est-à-dire replié sur le sujet. Il est souvent accompagné d'hallucinations de type automatisme mental.Contrairement à ce qui peut se produire avec la paranoïa, il n'y a aucune possibilité qu'une autre personne adhère au délire du schizophrène qui à première vue n'a ni queue ni tête.
L'autisme en tant que caractéristique de la schizophrénie ne renvoie pas à la même réalité clinique que le trouble autistique en tant qu'entité nosologique.Il est caractérisé par deux éléments : la perte de contact avec la réalité et la prédominance de la vie intérieure sur la réalité. Le sujet vit replié dans son monde interne et ne partage plus la réalité commune.
Combat, souhait et sensitif
TROIS TYPES DE PERSONNALITÉ PARANOÏAQUE
1. PERSONNALITÉ PARANOÏAQUE DE COMBAT (type agressif)
Opiniâtre : ne lâche jamais prise
Fanatique : adhésion totale à ses idées
Agressif, querelleur : conflits permanents
Égocentrique : tout tourne autour de lui Se bat constamment, en procès permanent
2. PERSONNALITÉ PARANOÏAQUE DE SOUHAIT (type idéaliste)
Sentiment conscient de supériorité : se croit au-dessus des autres
Fausseté du jugement : voit la réalité à travers son prisme déformé
Défenseur isolé d'une Grande Cause ou d'un Idéal :
Exemple : le réformateur incompris, l'inventeur de génie méconnu
3. PERSONNALITÉ SENSITIVE (type vulnérable)
Longue élaboration de sentiments douloureux d'échec, d'infériorité Hypersensible aux humiliations Rumine ses blessures narcissiques
Le délire vient compenser le sentiment d'infériorité
Exemple : délire de persécution après un échec professionnel vécu comme humiliation
De la "démence précoce" à la "division de l'esprit"
HISTORIQUE DU CONCEPT
Démence précoce (Kraepelin, fin XIXe) :
Schizophrénie (Bleuler, 1911) :
CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES
Trouble chronique :
Apparition précoce :
Atteinte de l'unité du sujet : Le sujet schizophrène ne forme pas un tout cohérent
Dissociation entre :
Exemple : rire en racontant la mort d'un proche
Fixation orale, Moi morcelé et Moi-peau inopérant
COMPRÉHENSION PSYCHOPATHOLOGIQUE
FIXATION ORALE
Origine extrêmement précoce du trouble (premiers mois de vie) :
INDIFFÉRENCIATION DES OBJETS
Le bébé schizophrène n'a pas réussi à différencier :
D'où la confusion entre ce qui vient de soi et ce qui vient de l'extérieur (hallucinations)
MOI MORCELÉ, JAMAIS UNIFIÉ
Le Moi normal se construit progressivement comme une unité Dans la schizophrénie, le Moi reste en morceaux
Lors de la décompensation → éclatement du Moi :
MOI-PEAU (concept de Didier Anzieu) INOPÉRANT
Moi-peau = enveloppe psychique qui remplit plusieurs fonctions :
Dans la schizophrénie, le Moi-peau ne fonctionne pas :
D'où l'impression que "tout rentre", que le monde envahit le sujet
Apparition tardive, délire systématisé, interprétation
CARACTÉRISTIQUES GÉNÉRALES
APPARITION TARDIVE
Typiquement vers 40 ans (≠ schizophrénie qui débute à l'adolescence)
Pourquoi si tard ? Le délire paranoïaque nécessite une certaine maturation intellectuelle
FIXATION AU STADE ANAL
Stade anal (2-3 ans) : période du contrôle des sphincters Enjeux : maîtrise, contrôle, pouvoir
Le paranoïaque cherche à tout contrôler, ne supporte pas d'être passif ou soumis
DÉLIRE SYSTÉMATISÉ
Très structuré, cohérent, logique (dans sa propre logique interne) On parle de "raisonnement juste sur des prémisses fausses"
Exemple : "Si X fait Y, c'est qu'il complot e contre moi" → tout s'enchaîne logiquement à partir de la prémisse délirante
DÉLIRE BASÉ SUR L'INTERPRÉTATION
≠ Hallucinations (qui dominent dans d'autres psychoses)
Le paranoïaque interprète les événements réels Il donne un sens (délirant) à des faits réels
Exemple : "Mon collègue m'a regardé bizarrement → il sait tout → ils complotent tous contre moi"
DÉFINITION CLASSIQUE (Pedinielli et Gimenez, 2016)
"Développement insidieux sous la dépendance de causes internes et selon une évolution continue d'un système délirant durable et impossible à ébranler, qui s'instaure avec une conservation complète de la clarté et de l'ordre dans la pensée, le vouloir et l'action"
À retenir :
Le paranoïaque peut paraître tout à fait normal en dehors de son secteur délirant